La lutte traditionnelle sénégalaise, véritable institution culturelle et sportive, traverse une crise marquée par des épisodes de violence. Dimanche 16 février, des affrontements ont éclaté à l’Arène nationale à Dakar en raison d’une survente de billets ayant conduit la police à refuser l’accès à des milliers de spectateurs. Des scènes de vandalisme ont suivi, culminant avec l’agression mortelle d’un jeune homme dans la banlieue dakaroise. Face à cette situation, la police nationale a pris la décision radicale de suspendre la sécurisation des combats de lutte jusqu’à nouvel ordre.
Cette décision a été appuyée par la Commission nationale des droits de l’homme, qui a appelé à une suspension provisoire des combats afin d’adopter des mesures pour enrayer ces violences. Le Comité national de gestion de la lutte a réagi en urgence en proposant la mise en place d’une commission de contrôle de la billetterie. L’objectif est de limiter la vente à 22 000 tickets maximum et de modifier les horaires des combats afin d’éviter tout débordement nocturne.
Des enjeux économiques majeurs en jeu
Si la sécurité est en question, l’impact économique de la suspension des combats ne peut être ignoré. La lutte génère des revenus considérables pour de nombreux acteurs : promoteurs, lutteurs, commerçants et médias. Chaque gala attire des milliers de spectateurs et suscite un engouement populaire exceptionnel. En pleine saison, l’annulation des combats entraînerait des pertes financières importantes, notamment pour les promoteurs qui ont déjà investi dans l’organisation des événements.
Certains acteurs du milieu soulignent également le rôle social de la lutte. Suspendre les combats revient, selon eux, à priver la jeunesse d’un loisir central et d’une source d’emploi pour de nombreux travailleurs informels. Les autorités sont donc confrontées à un dilemme : garantir la sécurité des spectateurs et du personnel tout en évitant un manque à gagner économique.
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Quelle issue pour la lutte sénégalaise ?
La lutte au Sénégal ne peut se permettre de voir sa réputation ternie par la violence. Les propositions du Comité de gestion, notamment le contrôle strict de la billetterie et la réduction du nombre de tickets en vente, vont dans le bon sens. Toutefois, ces mesures seront-elles suffisantes pour garantir des combats sécurisés et apaiser les tensions ?
D’autres initiatives pourraient être envisagées, comme un renforcement de la sécurité privée, une meilleure organisation de l’accueil des spectateurs ou encore des campagnes de sensibilisation contre la violence dans les stades. La lutte fait partie du patrimoine sénégalais et reste une fierté nationale. Son avenir dépend d’un équilibre entre tradition, sécurité et intérêts économiques. Une chose est sûre : les décisions qui seront prises dans les prochains jours auront des répercussions profondes sur l’organisation et la perception de ce sport emblématique.
Tony A.