En Guinée, la filière du poulet local, qui a longtemps été le pilier de l’alimentation et de l’économie locale, se trouve au bord de l’extinction. Le poulet local, ce mets, réputé pour son goût authentique et sa place centrale dans la culture guinéenne, est aujourd’hui confronté à une menace imminente.
Quelles sont donc les causes profondes de cette menace pesante sur toute la filière du poulet local ? Face à cette problématique alarmante, quels sont ces nombreux défis qui mettent à mal aussi bien les populations que les acteurs de la filière ?
Une filière du poulet local inquiétée par la concurrence étrangère
Les difficultés que connaissent le secteur du poulet local en Guinée s’expliquent à travers plusieurs causes. On peut pointer du doigt la farouche concurrence des importations qui met à mal les producteurs. Les éleveurs locaux, souvent dépourvus de ressources pour mettre en place des mesures de prévention et de contrôle efficaces contre les épidémies de maladies aviaires sont particulièrement vulnérables.
Cette arrivée sur le marché guinéen de poulet importé à bas coût constitue l’une des menaces majeures pour la filière locale. Les produits importés, souvent subventionnés par d’autres pays, sont généralement moins chers que le poulet local, ce qui les rend plus attractifs pour les consommateurs. Cette concurrence déloyale a un impact direct sur les revenus des éleveurs locaux.
Les habitudes alimentaires évoluent en Guinée, avec une préférence croissante pour les produits alimentaires transformés et préemballés au détriment des produits locaux non transformés. Cette tendance a également entrainé la réduction de la demande pour le poulet local traditionnel. Ceci en plus du soutien gouvernemental insuffisant voire défaillant en termes de politiques agricoles, de réglementation et d’investissement dans la filière du poulet local. Ce qui en conséquence limite sa croissance et sa viabilité à long terme.
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Des solutions du gouvernement attendues
« Après de longues années d’études, alors que tu espères pouvoir enfin commencer ta vie professionnelle, d’un seul coup, par manque de production, par manque de soutien, tout s’arrête. Moi, j’ai étudié pour servir mon pays, pas pour aller servir ailleurs », se désole Alhassane Keita, Vétérinaire au Chômage. Le pays risque de perdre plus de 5 000 emplois.
« Nous avons mené plusieurs démarches au niveau de l’État, on a rencontré certains ministres Mais jusqu’à présent, ça n’a rien donné », a déclaré Alhoussein Diallo, patron d’une usine de volailles. Pour lui, il est impérieux de limiter des poussins qui viennent de l’étranger et qui inondent le marché guinéen. « Si on n’arrive pas à interdire les poussins, on ne pourra pas produire localement », a-t-il expliqué.
L’ensemble de ces facteurs crée un environnement hostile pour la filière du poulet local en Guinée, menaçant ainsi la survie d’une tradition culinaire profondément ancrée dans la culture du pays et la source de subsistance de nombreux éleveurs locaux. Le ministère de l’Agriculture dit suivre le dossier de près, assure que des mesures sont en préparation pour soutenir le secteur.
Sandrine A.