Mali : la Cédéao maintient sa position face à la junte qui s’active dès son retour à Bamako
La junte du Mali s’est rendue, ce mardi à Accra, pour rencontrer la délégation des chefs d’Etats de la Cédéao. Le but de cette mission est de convaincre l’organisation régionale ouest-africaine de lever les sanctions économiques. Il s’agit également de plaider pour un accompagnement de la transition dans le pays. Malheureusement, aucun accord n’est sorti de la rencontre.
Reçue au Ghana, la junte au pouvoir n’a pas réussi à obtenir la levée des sanctions économiques. La Cédéao n’a pas aussi accepté accompagner la junte dans son plan de transition.
Le plan de transition de la junte du Mali rejeté par la CEDEAO
Les trois journées de concertations nationales au Mali ont accouché une charte et une feuille de route de la transition. C’est d’ailleurs ce plan de transition qui a été présenté aux chefs d’Etats de la CEDEAO à Accra.
Selon la charte adoptée, en plus du président, il y aura un vice-président. La charte précise que chacun peut être un civil ou un militaire. Or, pour la CEDEAO, ce n’est pas une option. Un président et un Premier ministre tous deux civils. L’institution sous régionale n’a donc pas accepté cette proposition de la junte.
Sur la question de la durée de la transition, même si la Cédéao avait exigé 12 mois au maximum, les lignes semblent bouger. La durée de 18 mois proposée par la junte n’a pas totalement été rejetée.
Pour le président du Burkina « la date de 12 mois n’est pas une date fétiche ». « Mais attention, on ne doit pas dépasser les 18 mois », a-t-il averti. Les partisans de la charte justifient ce délai par un besoin de temps et d’autorité pour redresser le pays.
L’organisation sous-régionale réitère sa demande de nomination rapide d’un président et d’un Premier ministre de transition civils. « Nous espérons que nous parlons de jours et non de semaines », a déclaré le président ghanéen Nana Akufo-Addo. Dans ces conditions, la Cédéao ne saurait lever les sanctions contre le Mali
Le Maintien des sanctions contre la junte du Mali
La junte du Mali n’a pas convaincu et c’était prévisible. Les 40 minutes n’ont rien donné. La levée des sanctions contre le Mali avait été conditionnée par le respect par la junte du Mali de la feuille de route de la Cédéao. Sans le transfert rapide du pouvoir aux civils, la Cédéao n’entend pas lever ses sanctions. C’est désormais clair.
Ce n’est qu’après ces nominations que les sanctions économiques contre le Mali l’embargo sur les flux commerciaux et financiers et la fermeture des frontières avec le pays seront levées. C’est ce qui ressort de la déclaration du président Alassane Ouattara à la sortie de la réunion.
Il a estimé que le Mali ne pouvait pas « rester dans cette situation pendant des jours et des semaines ». « C’est important pour nous tous », a-t-il insisté, souhaitant qu’une « solution consensuelle » soit trouvée « le plus rapidement possible ».
Même son de cloche chez le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré qui estime que le CNSP devra être dissout. « Une fois (…) la transition (…) en place, il va de soi que le CNSP sera dissout de fait. », a-t-il souligné.
Après le sommet d’Accra, le CNSP s’active
Au lendemain du sommet d’Accra, le colonel Assimi Goïta n’a pas perdu de temps. Il a débuté les consultations, dès son retour, d’abord entre frères d’armes. Dans la nuit du 15 au 16 septembre, la délégation de la junte aura très peu dormi.
Le colonel Assimi Goïta fait le compte-rendu de sa mission, livre ses impressions, commente. Dans son désormais célèbre agenda de poche, il prend des notes, explique son entourage.
Le chef des militaires au pouvoir poursuivra ses entretiens avec des personnalités civiles. L’idée est de voir comment prendre en compte les demandes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qui, sur deux points essentiels de la transition est claire. Il faut un président et un Premier ministre civil.
Et si la junte du Mali ne le cache pas, elle n’a jamais eu l’intention de défier l’institution sous-régionale. Il faut rappeler que le médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan, se rendra de nouveau à Bamako la semaine prochaine.
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