Le programme « Riz hybride », lancé par Madagascar avec l’appui de la Chine, suscite espoirs et doutes. L’initiative prévoit la distribution gratuite de semences hybrides à 1 400 agriculteurs, avec l’ambition d’atteindre l’autosuffisance rizicole d’ici 2025. Toutefois, cette stratégie, bien qu’ambitieuse, soulève des questions sur sa viabilité à long terme et ses impacts sociaux.
Le gouvernement mise sur l’hybridation pour accroître la production rizicole, avec l’objectif d’ajouter 1 million de tonnes de paddy dès 2025. Tahiana Razanamahefa, secrétaire d’État à la souveraineté alimentaire, projette même des exportations dès 2027. Cette initiative, soutenue par la distribution d’engrais et la modernisation agricole, vise à réduire les importations coûteuses et à dynamiser l’économie rurale.
Cependant, l’efficacité de cette stratégie dépend de l’accessibilité des infrastructures, notamment l’irrigation et les routes pour l’acheminement du riz. Sans ces aménagements, les bénéfices de l’augmentation des rendements risquent d’être limités.
Réticences et défis des agriculteurs face au riz hybride
Malgré les promesses, de nombreux paysans restent sceptiques. Hortensia, rizicultrice dans le Menabe, redoute la dépendance aux semences importées, leur coût annuel et l’impact des engrais sur la fertilité des sols. Cette méfiance traduit une crainte répandue, celle d’une perte de souveraineté semencière et d’un endettement accru.
L’agronome Ny Hasinambinintsoa Masezamana alerte également sur les risques logistiques et l’enclavement des zones de production. Selon lui, une chaîne de valeur floue et des infrastructures défaillantes pourraient piéger les producteurs sous la coupe d’intermédiaires, accentuant leur vulnérabilité économique.
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Le programme « Riz hybride » incarne l’espoir d’une renaissance agricole à Madagascar, mais sa réussite passera par une gouvernance claire et des mesures d’accompagnement. Une production locale de semences, promise dans la région de Menabe, pourrait réduire la dépendance. En outre, un dialogue régulier avec les paysans et un renforcement des infrastructures sont essentiels. Si le projet atteint ses objectifs, il fera de Madagascar un acteur majeur sur le marché rizicole de l’océan Indien. Dans le cas contraire, il risque d’aggraver la précarité paysanne. L’avenir du riz hybride se jouera donc entre volonté politique, innovation et adhésion des premiers concernés : les agriculteurs.
Tony A.