Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Ouattara, faiseur de roi ou candidat pour un quatrième mandat ?
Lors des échanges traditionnels de vœux avec le corps diplomatique, ce 9 janvier 2025, le président ivoirien Alassane Ouattara a entretenu le suspense sur une éventuelle candidature à la présidentielle d’octobre prochain. Tout en réaffirmant sa bonne santé et son désir de « continuer de servir » son pays, il a assuré ne pas avoir pris de décision définitive. Ce flou stratégique, cinq ans après un troisième mandat controversé, fait surgir des interrogations sur l’avenir politique du pays et la place qu’y occupe l’actuel chef de l’État.
Alassane Ouattara a rappelé qu’en 2020, il avait initialement souhaité passer la main à une nouvelle génération, avant de répondre à l’appel de son parti pour un troisième mandat. Aujourd’hui, il affirme que son parti regorge de successeurs potentiels, tout en restant évasif sur ses propres intentions. Cette déclaration ouvre la porte à une réflexion sur la transition démocratique en Côte d’Ivoire et les stratégies politiques en préparation à un examen qu’il promet pacifique, démocratique et transparent.
Une stratégie d’attente pour Alassane Ouattara ?
La déclaration du président Ouattara semble calibrée pour maintenir un équilibre fragile entre sa propre ambition politique et la nécessité de rassurer l’opinion publique et la communauté internationale. En affirmant qu’il n’a pas encore pris de décision, tout en soulignant sa capacité et son désir de continuer à servir, Ouattara semble tester les eaux avant de s’engager pleinement dans une nouvelle campagne.
Cette posture laisse entendre qu’il pourrait jouer un rôle central dans le processus électoral, que ce soit en tant que candidat ou faiseur de roi au sein de son parti, le RHDP. En évoquant la disponibilité d’une « demi-douzaine » de candidats potentiels dans les rangs du parti, il se positionne en leader incontesté, capable de désigner un successeur tout en restant l’arbitre de la concurrence politique.
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Un test pour la démocratie ivoirienne ?
Le flou autour de la candidature d’Alassane Ouattara intervient dans un contexte où les transitions politiques en Afrique de l’Ouest sont souvent marquées par des tensions et des contestations. L’annonce d’une élection démocratique et transparente est cruciale pour un pays qui a connu des épisodes de violences post-électorales dans un passé récent.
Cependant, une candidature de Ouattara pourrait raviver les critiques sur la limitation des mandats présidentiels, un principe mis à mal lors de son troisième mandat en 2020. Elle poserait également la question de la place laissée à l’opposition et à une véritable alternance démocratique. À l’inverse, s’il choisit de ne pas se représenter, cela pourrait renforcer son image d’homme d’État soucieux de l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire.
Entre incertitudes et enjeux majeurs, la décision d’Alassane Ouattara, qu’elle soit en faveur ou non d’une candidature, aura des répercussions profondes sur le paysage politique ivoirien. Si le président entend marquer l’histoire comme un artisan de la stabilité et de la démocratie, il devra gérer cette transition avec tact et transparence. En attendant, le pays reste suspendu à ses paroles, dans une attente qui reflète les enjeux cruciaux d’une élection clé pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.
Tony A.