samedi, juillet 27 2024

Hier lundi 25 octobre 2021, les soudanais ont été surpris par un nouveau coup de force orchestré par les militaires. Ces derniers ont par la force repris les pleins pouvoirs qu’ils partageaient avec les civils depuis un moment déjà. C’est à dire depuis la chute de l’ancien président Omar El Béchir en 2019.

Pour asseoir leur autorité, les militaires soudanais ont procédé à l’arrestation des dirigeants civils de la transition. Les organes de la transition, ont aussi été dissouts. Le pays est sous état d’urgence. A l’heure actuelle, le Premier ministre Abdallah Hamdok et plusieurs autres personnes sont détenus dans un lieu secret. Ce basculement inédit du processus de transition au Soudan, ébranle sérieusement la communauté internationale toute entière et suscite réflexions. Quelles sont les raisons fondamentales qui ont poussé les militaires à opérer ce coup de force ? Pourquoi le processus de transition a-t-il échoué ? A quel saint, les soudanais seront-ils voués ?

Une exclusion voulue des civils

A lire de la juste façon entre les lignes, on peut aisément constater que le nouveau coup de force au Soudan était plus que prévisible. Car depuis belle lurette, les militaires n’ont vraiment pas caché leur réelle envie de gouverner seul. Mais par le fruit des circonstances, ils étaient contraints d’une certaine manière à partager le pouvoir avec les civils.

« En 2019, quand ils ont fait un coup d’État contre leur propre régime, celui d’Omar el-Béchir, dont ils faisaient partie, ils n’avaient pas du tout prévu d’inclure les civils. Ce sont les civils qui se sont vraiment imposés dans cette transition avec quatre mois de manifestations », a expliqué Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chargée de recherche en sociologie politique à l’Institut de recherche pour le développement et spécialiste du régime soudanais.

En clair, pour les militaires, il s’agissait d’une situation de compromissions qui leur paraissait de plus en plus insupportable. Alors, ce coup de force s’impose comme solution ultime pour recadrer les choses à leurs avantages.

A lire aussi: COUP D’ETAT AU SOUDAN: LA TRANSITION BASCULE DANS UN NOUVEAU CHAOS

Un coup de force motivé par la situation économique du pays

L’effondrement de la transition au profit d’un coup de force des militaires a été alimenté par l’état catastrophique de l’économie soudanaise. Depuis le règne d’Omar el-Béchir, elle était déjà en sévère agonie. Les efforts du gouvernement de transition pour la restaurer se sont aussi soldés par des échecs. Les militaires ont donc surfé sur cette vague pour réaliser leur dessein qu’est d’exclure les civils de la transition.

« Au Soudan, aujourd’hui, c’est toujours difficile de se nourrir, l’inflation est galopante, l’essence est excessivement chère. Il y avait donc une contestation civile à l’encontre de ce gouvernement, comme dans tout pays qui traverse une crise économique. Les militaires s’en sont saisi pour dire : regardez, il faut qu’on reprenne la main », a indiqué Raphaëlle Chevrillon-Guibert.

Sur fond de manifestations dans les rues de Khartoum, le bras de fer entre civils et militaires ne fait que commencer. Les deux parties restent résolues à mener jusqu’au bout leur lutte. Le risque d’un bain de sang dans les prochains jours suscite inquiétude.

A lire aussi: INSTABILITÉ AU SOUDAN : LA TRANSITION AU BORD DU PRÉCIPICE

 

El Professor

Previous

Expulsion au Mali: Hamidou Boly a « 72 heures pour quitter » le pays

Next

Nigéria : « e-naira », le système de paiement le plus en pointe d'Afrique ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Voir Aussi

Ne Manquez Pas

Pipeline Niger-Tchad-Cameroun : Un nouveau souffle pour l'exportation du pétrole nigérien

Pipeline Niger-Tchad-Cameroun : Un nouveau souffle pour l’exportation du pétrole nigérien

Investigateur Africain

Le projet de relier les champs de pétrole d’Agadem au pipeline tchadien de Doba a refait surface, apportant une lueur d’espoir pour l’exportation du brut nigérien. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique relancée par la Sonidep lors du lancement de ses activités amont le 22 juin dernier. Le ministre nigérien du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, […]

Le général Tiani dresse son bilan un an après le Coup d'État

Un an de transition au Niger : Le discours du Général Tiani passé au crible

Investigateur Africain

Cela fait tout juste un an ce vendredi 26 juillet que la junte militaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a pris le pouvoir au Niger, renversant le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum. Pour marquer cet anniversaire, le général Tiani Abdourahamane, président du CNSP, a prononcé un discours jeudi soir sur […]

armes au Soudan : Amnesty International exige un embargo total

Armes au Soudan : Amnesty International exige un embargo total

Investigateur Africain

Alors que le pays est dévasté par un conflit sanglant entre généraux rivaux depuis le 15 avril 2023, Amnesty International a lancé un appel urgent à l’ONU pour étendre l’embargo sur les armes à tout le Soudan. Un rapport accablant publié le 25 juillet 2024 révèle que des armes continuent d’affluer malgré les restrictions, exacerbant […]