vendredi, juillet 26 2024

Le FCFA, monnaie décriée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, suscite actuellement de vives discussions. Nombreux sont ceux qui associent cette devise à un héritage colonial, remettant en question son rôle dans la gestion économique des pays qui l’adoptent. Certains économistes africains y voient un outil de contrôle, tandis que d’autres soulignent ses avantages stabilisateurs.

Récemment, des informations émanant de l’agence Ecofin révèlent un phénomène surprenant : le FCFA est plébiscité dans deux pays anglophones, le Nigeria et le Ghana, qui disposent pourtant de leurs propres monnaies. Selon Ecofin, le franc CFA de l’Afrique de l’Ouest figure parmi les devises les plus recherchées par les acteurs économiques résidant dans ces deux nations.

Le FCFA, une devise très recherchée

« Le franc CFA, notamment celui utilisé en Afrique de l’Ouest, est actuellement l’une des devises les plus recherchées par les agents économiques présents au Ghana et au Nigeria. À l’aéroport d’Accra, la capitale ghanéenne, les voyageurs en provenance de Lomé ou d’Abidjan peuvent constater que le premier bureau de change accepte de convertir 1000 francs CFA à un taux proche de celui du dollar américain », révèle l’agence ecofin.

« Au Nigeria, la demande pour la monnaie de l’UEMOA est encore plus forte, du fait de la faible disponibilité de liquidités en nairas et de la dépréciation de cette monnaie locale. Dans les bureaux de change de Lagos, 1000 francs CFA peuvent rapporter jusqu’à 1875 nairas », peut-on lire dans l’analyse de l’agence.

Cette ruée vers le FCFA s’explique en grande partie par la stabilité qu’offre la monnaie. Au sein de l’espace UEMOA, le FCFA maintient une convertibilité stable par rapport au naira et au cedi. Au Nigeria, particulièrement touché par la dépréciation du naira, la demande de FCFA a explosé, offrant une bouée de sauvetage face à la dégringolade de la monnaie locale.

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Les mastodontes économiques en quête de stabilité

Malgré leur statut de puissances économiques au sein de la CEDEAO, le Nigeria et le Ghana font face à une paradoxale instabilité monétaire. La dépréciation du naira et du cedi par rapport au dollar menace l’économie, engendrant une inflation galopante et un coût de la vie en constante augmentation.

Selon Ecofin, le choix du FCFA comme refuge économique est palpable à Lagos, où 1000 FCFA peuvent rapporter jusqu’à 1875 nairas. Bien que le FCFA ne soit pas exempt de dépréciation face au dollar (19 %), cette perte est négligeable comparée aux chutes vertigineuses du cedi ghanéen et du naira (jusqu’à 90 %).

Évaluation des performances économiques

« Face à l’euro, la monnaie de la zone Franc CFA est demeurée stable, alors que le cedi et le naira ont chuté de plus de 79% en moyenne. »

La stabilité du FCFA face à l’euro ajoute une couche de complexité à ce débat. Alors que le FCFA conserve son assise, le naira et le cedi ont chuté de plus de 79 % face à la monnaie européenne. Cela pose une interrogation centrale : est-ce que la mesure de la performance économique se réduit exclusivement à la stabilité monétaire ? Serait-il judicieux pour les nations adoptant le FCFA d’engager une évaluation approfondie de leurs atouts et faiblesses économiques afin de les ajuster aux exigences du 21ᵉ siècle ?

La ruée vers le FCFA dans des économies fortes de la CEDEAO met en lumière des enjeux complexes. La stabilité offerte par le FCFA contraste avec l’instabilité du naira et du cedi, incitant à une réflexion approfondie sur les critères de performance économique. Les pays africains doivent envisager des solutions adaptées au 21ᵉ siècle, loin des débats passionnés autour du FCFA.

Steven Edoé Wilson

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