samedi, juillet 27 2024

A Madagascar, l’environnement judiciaire connait ces derniers jours des tensions largement visibles entre magistrats et l’exécutif. Landy Mbolatiana Randriamanantenasoa, la nouvelle Garde des Sceaux est particulièrement pointée du doigt par le Syndicat des magistrats de Madagascar. Le regroupement a d’ailleurs dénoncé hier jeudi 16 mars des actes d’ingérence via un communiqué.

A quelques mois des prochaines élections présidentielles dans le pays, ce conflit entre magistrats et exécutif est assez évocateur. Il témoigne surtout de la fragilité des liens entre les premiers acteurs du monde judiciaire malgache et leur tutelle.

Une immixtion de trop dans la fonction des magistrats

D’après le Syndicat des magistrats, dans le traitement de plusieurs affaires, il est constaté de nombreuses atteintes à l’indépendance de la justice. Et l’affaire qui a retenu le plus l’attention ces derniers jours, est celle d’une mairesse IRD accusée d’avoir détourné 20 milliards d’ariary (4,5 millions d’euros) et mise en prison dans l’attente de son procès. Mais elle a été finalement libérée sous ordre de la nouvelle ministre de la justice malgache.

En claire, il s’agit une nouvelle fois d’ingérence des autorités exécutives, par rapport aux autorités judiciaires, au niveau des PAC (pôles anti-corruption). « Certains magistrats subissent des pressions quotidiennes, lors du traitement de certains dossiers, notamment les dossiers considérés comme dossiers sensibles », a expliqué Mbitanarivo Andriantsihorisoa président du Syndicat des magistrats. Et de rajouter, « le décalage se creuse entre les grands discours et les décisions prises ».

Lire aussi : SÉNÉGAL-FRANCE : UN JEUDI DES GRANDS ENJEUX 

Une mauvaise interprétation

Selon la ministre de la justice, la situation dans son ensemble est mal interprétée, surtout par les magistrats concernés. En d’autres termes, elle n’a jamais proféré des menaces comme certains le prétendent. Au contraire, elle donné juste certaines orientations judicieuses.

« Je ne veux pas polémiquer avec cela. Mon rôle est seulement de faire en sorte de coordonner les affaires judiciaires. Concernant l’affaire du Maire de Vavatenina, quand elle a comparu au PAC, j’ai rappelé aux magistrats que la détention n’est pas forcément la solution pour régler les litiges avec les maires ».

Et de préciser, « c’était un rappel, mais pas de l’ingérence. Eux, ils gardent leur indépendance. J’ai n’ai pas donné d’ordre d’arrêter leur poursuite envers les maires. Ces maires qui n’ont pas forcément les compétences pour gérer les communes, gérer les budgets… Vous ne pouvez pas comparer le maire d’Antananarivo et un maire qui se trouve dans une zone enclavée.
Donc vraiment, ce n’est pas de l’ingérence, mais un rappel à l’ordre de bien faire la différence entre l’intention délictuelle et l’intention de compétence. »

 

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