samedi, juillet 27 2024

Depuis quelques jours, le Niger connaît une série d’événements qui révèlent un paysage politique complexe et en constante évolution. L’instabilité politique qui y prévaut malgré les tentatives de résolution, telle une ombre menaçante, plane encore sur cette nation et suscite des inquiétudes quant à son avenir. Au-delà donc des manchettes et des mouvements politiques superficiels, il est essentiel d’explorer les véritables sources de ce malaise.

Le 26 juillet dernier, le président Bazoum a été renversé par le général et ses hommes qui contrôlent aujourd’hui le pays. Le Niger fait face à des défis complexes qui dépassent le simple échiquier politique. D’une part on a les sanctions de la CEDEAO, la menace d’une intervention militaire qui s’intensifie malgré les tentatives de dialogue avec les putschistes. Le Niger va-t-il finalement sombrer dans le chao pour restaurer le président déchu au pouvoir et par là la démocratie ? Ces interrogations nous poussent naturellement à nous intéresser aux enjeux qui alimentent l’instabilité politique au Niger, mettant en lumière les facteurs socio-économiques, historiques et géopolitiques qui ont forgé le paysage complexe dans lequel évolue le Niger. Une exploration minutieuse de ces racines du mal est essentielle pour mieux comprendre et aborder les défis auxquels le Niger est confronté sur la voie de la stabilité et d’u retour à l’ordre constitutionnel.

Lire Aussi : CRISE AU NIGER : LES PUTSCHISTES DÉFIENT ENCORE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Une instabilité politique aux causes multiples

Selon Jean-Hervé Jézéquel, directeur du Projet Sahel à l’International Crisis Group (ICG), l’instabilité politique que connait le Niger a tout de même des racines ancrées. Et la défaillance sécuritaire invoquée par les putschistes n’est pas à écarter radicalement. Elle a surtout servi de catalyseur au passage à l’action des putschistes contre le régime de Bazoum. Ceci du fait qu’on a eu longtemps le sentiment que le Niger s’en tirait relativement mieux que ses voisins sur la question de la sécurité en particulier, mais ce n’est pas le cas.

« Du point de vue de la sécurité, il y avait des arguments aussi assez concrets pour affirmer le fait qu’il y avait moins d’attaques au Niger qu’il y en avait par exemple au Mali ou au Burkina Faso. Mais les perceptions locales sont sans doute différentes. Si les attaques des groupes jihadistes ont diminué ces dernières années, ces groupes jihadistes continuent de circuler, notamment dans le sud-ouest du territoire, dans les zones rurales où ils prélèvent l’impôt, et donc où ils pèsent sur la population », a expliqué Jean-Hervé Jézéquel par rapport à l’instabilité politique actuelle.

Le fait qu’il y ait eu alternance démocratique pacifique au plus haut niveau de l’État était aussi insuffisant pour garantir bonne gouvernance politique et épanouissement réelle des populations. Alors ces plusieurs maux interconnectés ont facilement aboutit à cette instabilité politique que connait le pays. « Au niveau du système démocratique quand même, comme on le dit souvent, il y a une forme d’essoufflement et en particulier, il semble de plus en plus incapable d’offrir des perspectives suffisantes à une jeunesse, notamment une jeunesse urbaine, qui n’a connu au fond que la démocratie installée dans ce pays depuis trois décennies, qui n’a plus confiance dans ce système-là, dans les élites dirigeantes et dans le type d’alliances qu’elles ont contractées avec les pays occidentaux. Et c’est ce rejet-là qui s’exprime aussi dans la rue aujourd’hui », a-t-il ajouté.

 

Tony A.

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