vendredi, juillet 26 2024

En plus des sanctions économiques décidées dimanche 30 juillet, la Cédéao a posé d’autres options sur la table pour répondre au coup d’État au Niger. Parmi les options envisagées pour restaurer l’ordre constitutionnel figure l’intervention militaire. Cependant, cette démarche suscite des débats passionnés quant à son efficacité, ses conséquences humanitaires et sa légitimité.

Cette approche peut-elle véritablement constituer une solution face à cette crise politique délicate ? L’instance sous régionale a-t-elle le temps nécessaire et les ressources adéquates pour organiser cette fameuse intervention militaire ? Qu’en est-il de sa crédibilité ? Dans cette analyse, nous examinerons les arguments en faveur et contre une intervention militaire au Niger.

Une intervention militaire délicate

A voir la démarche des putschistes au pouvoir, les interpellations et menaces de la communauté internationale ne semblent pas du tout les dissuader. Ce qui pourrait donc pousser la Cédéao à opter finalement pour la mesure forte et radicale. D’autant plus qu’avec son nouveau président, le nigérian Bola Tinubu, qui a promis tolérance zéro envers les coups d’État, une obligation d’agir pour restaurer la légalité constitutionnelle s’impose.

« Actuellement, je peux vous dire qu’il y a deux brigades d’infanterie de l’armée nigériane qui sont déjà positionnées à la frontière nigérienne, et qui sont prêtes à intervenir à tout moment. Il y a aussi qu’au niveau de la communauté internationale, l’ambassadeur américain au niveau de l’ONU a donné son accord au président élu Mohamed Bazoum quant au soutien des États-Unis pour des mesures au niveau du Conseil de paix et de sécurité en vue de soutenir cette intervention qui pourrait aussi, on va le dire, se dérouler sous un mandat onusien. Ce sont les deux possibilités », fait voir Abdoulaye Barry, doctorant à l’Université pour la paix (Upeace).

Au cas où la Cédéao brandirait cette épée de l’intervention militaire, elle doit s’attendre à ce que son action soit perçue comme une ingérence dans les affaires internes d’un pays, soulevant des questions de souveraineté nationale. Et sur ce point, les putschistes ont déjà affirmé être parés à réagir pour défendre la souveraineté du Niger. Ils peuvent également compter sur les soutiens du Mali et du Burkina Faso qui ont manifesté leur solidarité.

Ladite intervention militaire au Niger peut également entraîner des situations politiques et sociales complexes, avec des conséquences imprévisibles et une durée d’engagement potentiellement prolongée. En d’autres termes des risques humanitaires. C’est à dire des pertes de vies civiles, des déplacements de population, et d’autres conséquences humanitaires graves, ce qui soulève des préoccupations éthiques.

Lire Aussi : LOURDES SANCTIONS CONTRE NIAMEY : QUELS IMPACTS SUR LES PUTSCHISTES ?

Un coup d’audace de la Cédéao

Dans ce contexte très difficile et atypique, l’objectif principal d’une intervention militaire pour la Cédéao peut se justifier par la haute volonté de rétablir l’ordre constitutionnel en forçant le retour au pouvoir des institutions élues légitimes. Aussi ce recours à la force pourrait être considéré comme un moyen de défendre et de protéger les principes démocratiques et les droits de l’homme, en s’opposant à tout renversement inconstitutionnel du gouvernement.

Les exemples sont légion. On peut citer l’intervention militaire au Liberia, Guinée-Bissau, Gambie où La Cédéao avait envoyé des forces (Ecomog), ancien groupe militaire d’intervention placé sous la direction de la Cédéao.

« Le président nigérian Bola Tinubu, joue sa crédibilité parce qu’il a donné sa parole le 9 juillet dernier en Guinée-Bissau, lors du dernier sommet, qu’il ne tolèrera aucun putsch en Afrique au sein de la Cédéao. Désormais, on peut dire qu’il a un cas pratique. C’est à lui de nous montrer qu’il tient à respecter sa parole d’honneur. Et aussi, la Cédéao a désormais une dernière chance pour rétablir sa crédibilité », explique Abdoulaye Barry.

Une intervention militaire peut servir d’avertissement dissuasif à d’autres groupes ou pays qui pourraient envisager des actions similaires à l’avenir, contribuant ainsi à la stabilité et à la prévention de futurs coups d’État. Au final, c’est à la Cédéao et au reste de la communauté internationale de peser soigneusement les avantages et les inconvénients de toute intervention militaire et considérer les alternatives possibles.

En cas de recours absolu à la force, une approche équilibrée et bien pensée est nécessaire pour éviter des conséquences indésirables et parvenir à une résolution pacifique et durable des conflits.

 

Tony A.

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