mercredi, mai 8 2024

Dans un récent développement diplomatique aux conséquences potentiellement majeures, le Niger a annoncé son intention d’expulser les militaires américains stationnés sur son territoire. Cette décision, prise par la junte au pouvoir à Niamey le 16 mars, soulève des questions sur la nature des relations entre Niamey et Washington, ainsi que sur l’équilibre géopolitique dans la région.

Alors que les tensions montent entre Niamey et Washington, l’ombre grandissante de la Russie plane sur le Niger, alimentant les spéculations quant à l’avenir des relations internationales dans la région. Cette décision radicale soulève des questions brûlantes. Quelles sont les raisons de la friction entre le Niger et les États-Unis ? Dans la même veine quelles sont les possibles répercussions de cette expulsion sur la présence russe dans la région ?

Un chemin de non retour entre Niamey et Washington

Depuis le putsch de juillet dernier au Niger, les Américains s’étaient désolidarisés des Français, afin de ménager la nouvelle junte de Niamey. Malgré ces précautions, les Américains subissent aujourd’hui cet échec de se voir expulser du Niger. Les tensions entre Niamey et Washington seraient apparents le fruit de comportements jugés arrogants.

« Je pense qu’il y a plein de choses qui indisposaient le général Tiani, parce que les Américains avaient littéralement les mêmes demandes que les Français. Les seules différences étaient peut-être sur le ton, mais du moment où les Américains ont commencé à appuyer sur la demande jugée inacceptable de renoncer à la coopération avec la Russie et l’Iran, pour les militaires au pouvoir à Niamey, c’était certainement la ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir », explique Paul-Simon Handy, directeur de l’Institut d’études de sécurité (ISS) à Addis-Abeba.

Et d’ajouter, « les Américains avaient peut-être mal apprécié la nature des militaires au pouvoir au Niger. On aurait pu penser au départ que c’est un coup stratégique de la part de la junte de vouloir diviser les Occidentaux, notamment la France et les États-Unis, s’aliéner la France pour mieux se rapprocher des États-Unis, c’est ce qu’on aurait pu penser. » Cependant, pour les États-Unis, il s’agit d’un défi complexe à relever, car la junte militaire est fondamentalement opposée à toutes les normes et valeurs démocratiques que les États-Unis défendent. Par conséquent, maintenir cette position aurait été difficile pour les Américains sans compromettre leurs principes.

Lire Aussi : RUPTURE ENTRE LE NIGER ET LES ÉTATS-UNIS : QUELLES CONSÉQUENCES POUR LA RÉGION ?

Un coup dur pour le dispositif américain AFRICOM

Pour Niamey et Washington, c’est indéniablement un revers. Car même si le Niger souverainement décide de résilier l’accord de 2012, il subit déjà d’importantes pertes. Vu que cet accord comprenait des dispositions pour la formation, le partage de renseignements et le soutien en équipements. Grâce à cet accord, l’armée nigérienne disposait notamment de moyens de transport aérien, tels que les avions C-130, qui sont cruciaux dans toute opération militaire.

Pour les États-Unis, les pertes sont significatives également. C’est un revers sérieux, sans aucun doute, car la base américaine d’Agadez est indéniablement l’une des bases les plus cruciales des États-Unis en Afrique, juste après celle de Djibouti. Cette base de drones permettait aux Américains de collecter des renseignements vitaux pour la lutte contre les groupes extrémistes violents, ainsi que pour contrer divers trafics illicites et les flux migratoires.

Ceci dit, après l’annonce du départ prochain des Américains, les Russes ont désormais le champ libre au Niger. « Voyant ce qui se passe dans un pays comme la RCA, voyant ce qui se passe dans un pays comme le Mali, même si on ne peut pas parler de succès, on se dira que les Russes sont peut-être un partenaire de choix. Ce n’est pas un partenaire qui va remplacer les États-Unis, ce n’est pas un partenaire qui remplacera la France, mais qui apportera un soutien militaire qui permettra au moins de gagner des batailles tactiques. C’est ce dont a besoin le gouvernement militaire pour démontrer ce qu’il considère comme un succès aux populations du Niger », fait comprendre Paul-Simon Handy.

 

Tony A.

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