mardi, décembre 3 2024

La rupture de l’accord de coopération militaire entre le Niger et les États-Unis, annoncée par Niamey le samedi 16 mars, marque un tournant majeur dans les relations internationales de la région. Cette décision, jugée « injuste » et « illégale » par la junte nigérienne, a suscité des réactions mitigées et pose des questions cruciales sur les dynamiques géopolitiques en Afrique de l’Ouest. Elle ouvre par ailleurs, la voie à une période d’incertitude quant à l’avenir des opérations américaines dans la région.

L’accord de coopération militaire entre le Niger et les États-Unis avait initialement pour objectif de lutter contre le terrorisme et de contrer l’influence russe dans la région. Cependant, certains observateurs soulignent que cette présence militaire américaine avait également des motivations géopolitiques, notamment le contrôle de la Libye et la rivalité avec la Russie. Malgré les efforts des États-Unis pour sauvegarder leur relation avec le Niger, cette rupture met en évidence les limites de leur influence dans la région et les défis auxquels ils sont confrontés dans leur lutte pour maintenir leur position dominante en Afrique de l’Ouest.

Une rupture avec des enjeux géopolitiques complexes

Jugé inéquitable, la junte au pouvoir à Niamey a qualifié l’accord de coopération militaire avec Washington d’injuste et « ne répondant pas aux attentes ». Cette remise en question soulève des interrogations sur la nature même de cette coopération et les avantages perçus par les autorités nigériennes. Pour certains observateurs, la présence américaine, notamment à travers la base de drones à Agadez, avait une importance stratégique dans la lutte contre le terrorisme et la stabilisation de la région.

La dénonciation de l’accord par le Niger a été saluée par certains comme une décision courageuse, tandis que d’autres la considèrent comme une erreur stratégique. Le Front patriotique pour la souveraineté (FPS) a applaudi cette action, dénonçant les prérogatives excessives accordées aux forces étrangères. « C’est une bonne nouvelle pour la souveraineté de notre pays. Notre gouvernement a compris qu’aucun pays ne peut assurer la sécurité d’un autre pays. Chaque pays doit assurer sa propre sécurité. Tout le monde a besoin de partenaires, mais il faut que les partenariats soient gagnant-gagnant, pas gagnant-perdant », a déclaré pour sa part Slimane Ibrahim.

Cependant, des voix critiques, telles que celle de Hamid Amadou N’gadé, conseiller communication de l’ancien président Mohamed Bazoum, expriment leur inquiétude quant aux conséquences potentielles de cette rupture. Ils mettent en avant les contributions significatives de la coopération militaire américaine au Niger, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la modernisation des forces armées.

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Des conséquences sur la géopolitique dans la région

« C’est une claque pour les États-Unis. Depuis la chute des relations entre la France et le Niger, les États-Unis ont décidé de poursuivre une tentative de préserver les relations avec le Niger. D’abord pour sauver les bases militaires qui se trouvent au Niger, mais aussi pour empêcher les Nigériens de se jeter dans les bras de la Russie », a exprimé Michael Shurkin, analyste et directeur du programme 14 North Strategies, cabinet de conseil spécialisé sur l’Afrique.

La rupture de l’accord de coopération militaire avec les États-Unis ouvre la porte à de nouveaux acteurs géopolitiques dans la région, notamment la Russie et ses paramilitaires du groupe Wagner. Selon les experts, cette décision pourrait entraîner le départ des troupes américaines et renforcer l’influence russe au Niger. De plus, la coopération militaire renforcée entre Niamey et Moscou ces derniers mois souligne un changement significatif dans l’équilibre des alliances dans la région.

La décision du Niger de mettre fin à l’accord avec les États-Unis pourrait également entraîner un changement de cap dans les relations régionales. Les analystes soulignent que cette rupture ouvre la voie à une possible coopération renforcée avec la Russie, déjà engagée dans la région à travers le groupe Wagner. Cela pourrait également avoir des répercussions sur les équilibres de pouvoir et les alliances stratégiques en Afrique de l’Ouest. Pour l’instant les conséquences de cette rupture entre le Niger et les États-Unis restent à déterminer, mais elles pourraient avoir un impact significatif sur la lutte contre le terrorisme, les équilibres géopolitiques et les alliances stratégiques en Afrique de l’Ouest.

Tony A.

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