La situation des droits de l’homme pourrait être davantage compromise, si certains points indispensables ne sont pas pris en compte dans le cadre de l’organisation du referendum constitutionnel en Centrafrique. C’est la grosse inquiétude qu’a partagé Yao Agbetse, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine (RCA) via un communiqué le vendredi 16 juin dernier.
Dans l’après-midi 30 du mai 2023, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a dans un message à la nation, mis en ligne, annoncé sa volonté de convoquer un référendum constitutionnel le 30 juillet. Selon lui, la Constitution actuelle centrafricaine « comporte des dispositions qui pourraient compromettre le développement » du pays. Pour l’expert de l’ONU, l’initiative gouvernementale se heurte à plusieurs enjeux et défis à prendre impérativement en compte.
Préoccupations multiples autour du référendum constitutionnel en RCA
Selon Yao Agbetse, le référendum constitutionnel en République centrafricaine pourrait compliquer la situation des droits de l’homme dans le pays. Car selon ses consultations avec les différentes parties prenantes, le référendum constitutionnel soulève des préoccupations politiques, sécuritaires, logistiques, techniques et financières.
Aussi sur les réseaux sociaux il est remarquable des discours que l’on peut interpréter, ou que l’on peut considérer comme étant des discours de haine et de violence à l’égard de ceux qui ne sont pas pour le projet.
Pour preuve, alors que la date du scrutin approche, il est étonnant que les principales propositions de réforme constitutionnelle n’aient pas encore été rendues publiques. « Si les objectifs des nouvelles propositions constitutionnelles ne sont pas clairement expliqués et compris, ce référendum pourrait compliquer une situation des droits de l’homme qui est déjà extrêmement complexe », a averti M. Agbetse.
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Une approche inclusive à privilégier
D’après l’expert onusien, les autorités centrafricaines doivent veiller à ce que le référendum se déroule dans le calme et que les libertés publiques, telles que l’association, la réunion pacifique et la liberté d’expression, soient préservées. Aussi l’État centrafricain doit utiliser tous les moyens possibles pour s’assurer que le référendum constitutionnel n’entraîne pas de nouvelles violations des droits de l’homme.
« Il y a des inquiétudes d’ordre sécuritaire, logistique. On sait que l’État n’a pas étendu son autorité sur l’ensemble du territoire, et qu’il y a encore des groupes armés, notamment de la CPC, qui sévissent dans un certain nombre de régions. Mais il est important que chaque Centrafricain, chaque Centrafricaine, puisse avoir la possibilité d’exercer son droit démocratique qui est d’aller voter. »
Et d’exhorter, « compte tenu de la portée du projet référendaire, des enjeux et de son empreinte sur le présent et l’avenir de la RCA, une approche participative est indispensable. Les autorités centrafricaines doivent tout mettre en œuvre pour que les positions exprimées par les voix dissidentes soient entendues et prises en compte », a déclaré l’expert de l’ONU.
Tony A.