Le continent africain, longtemps fervent défenseur de la cause de la Palestine, connaît aujourd’hui une diversification de ses positions vis-à-vis d’Israël. Alors que certains pays maintiennent leur soutien traditionnel, d’autres ont opté pour une normalisation des relations, basée sur des intérêts économiques et sécuritaires.
Dans cette hétérogénéité de réactions, six nations africaines ont clairement exprimé leur solidarité envers Israël, tandis que sept se tiennent du côté du mouvement islamiste et nationaliste. Selon Francesca Albanese, la rapporteure spéciale des Nations Unies sur les territoires occupés palestiniens, il existe une jurisprudence de la Cour Internationale de Justice selon laquelle « la légitime défense ne peut s’appliquer dans un contexte d’occupation militaire, comme c’est le cas ici, où Israël occupe un autre Etat ou un autre peuple. »
Réactions contrastées sur la Palestine
L’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, le Soudan, la Libye, Djibouti et l’Afrique du Sud considèrent la tension actuelle comme une conséquence de l’injustice infligée au peuple de Palestine. En revanche, le Cameroun, le Ghana, la République démocratique du Congo, le Kenya, le Togo et la Zambie condamnent explicitement les actes terroristes. Entre ces deux visions, de nombreux pays africains adoptent une position non alignée, du moins officiellement.
Présidant actuellement le Comité des Nations unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, le Sénégal plaide pour la reprise rapide des négociations en vue de l’établissement de deux États indépendants, Israël et la Palestine.
Selon le professeur Lat Soucabé Mbow, expert en géopolitique, la présence israélienne en Afrique remonte aux années 1950, traversant des périodes de tensions liées aux conflits avec les voisins arabes. Cependant, aujourd’hui, une tendance à la normalisation des relations avec Israël émerge. Sur les 54 États du continent, 46 reconnaissent l’existence de l’État hébreu, malgré un soutien public généralement en faveur du peuple palestinien.
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Des positions nuancées et des accords stratégiques
Des pays tels que l’Égypte, ayant établi la paix avec Israël en 1979, appellent aujourd’hui à la retenue dans le conflit actuel. Le Maroc, présidant le comité Al-Qods, privilégie le dialogue et les négociations pour une solution durable, tout en soulignant la reconnaissance de sa souveraineté sur le Sahara occidental grâce à un accord tripartite signé avec Israël et les États-Unis.
Pourtant, la résolution de la Ligue arabe de 1967 à Khartoum, ordonnant de ne pas reconnaître Israël, montre une diversité de positions, y compris au sein de pays à majorité musulmane tels que le Nigeria et l’Égypte.
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Certains pays africains ont réalisé qu’une coopération avec Israël dans les domaines de la sécurité, de l’agriculture et de l’ingénierie peut être bénéfique. L’observation des dynamiques du conflit a conduit à la compréhension que le territoire prévu pour un futur État palestinien est aujourd’hui morcelé par les colonies juives, compliquant la possibilité d’une Palestine unifiée.
Steven Edoé Wilson