Hier lundi 25 octobre 2021, les soudanais ont été surpris par un nouveau coup de force orchestré par les militaires. Ces derniers ont par la force repris les pleins pouvoirs qu’ils partageaient avec les civils depuis un moment déjà. C’est à dire depuis la chute de l’ancien président Omar El Béchir en 2019.
Pour asseoir leur autorité, les militaires soudanais ont procédé à l’arrestation des dirigeants civils de la transition. Les organes de la transition, ont aussi été dissouts. Le pays est sous état d’urgence. A l’heure actuelle, le Premier ministre Abdallah Hamdok et plusieurs autres personnes sont détenus dans un lieu secret. Ce basculement inédit du processus de transition au Soudan, ébranle sérieusement la communauté internationale toute entière et suscite réflexions. Quelles sont les raisons fondamentales qui ont poussé les militaires à opérer ce coup de force ? Pourquoi le processus de transition a-t-il échoué ? A quel saint, les soudanais seront-ils voués ?
Une exclusion voulue des civils
A lire de la juste façon entre les lignes, on peut aisément constater que le nouveau coup de force au Soudan était plus que prévisible. Car depuis belle lurette, les militaires n’ont vraiment pas caché leur réelle envie de gouverner seul. Mais par le fruit des circonstances, ils étaient contraints d’une certaine manière à partager le pouvoir avec les civils.
« En 2019, quand ils ont fait un coup d’État contre leur propre régime, celui d’Omar el-Béchir, dont ils faisaient partie, ils n’avaient pas du tout prévu d’inclure les civils. Ce sont les civils qui se sont vraiment imposés dans cette transition avec quatre mois de manifestations », a expliqué Raphaëlle Chevrillon-Guibert, chargée de recherche en sociologie politique à l’Institut de recherche pour le développement et spécialiste du régime soudanais.
En clair, pour les militaires, il s’agissait d’une situation de compromissions qui leur paraissait de plus en plus insupportable. Alors, ce coup de force s’impose comme solution ultime pour recadrer les choses à leurs avantages.
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Un coup de force motivé par la situation économique du pays
L’effondrement de la transition au profit d’un coup de force des militaires a été alimenté par l’état catastrophique de l’économie soudanaise. Depuis le règne d’Omar el-Béchir, elle était déjà en sévère agonie. Les efforts du gouvernement de transition pour la restaurer se sont aussi soldés par des échecs. Les militaires ont donc surfé sur cette vague pour réaliser leur dessein qu’est d’exclure les civils de la transition.
« Au Soudan, aujourd’hui, c’est toujours difficile de se nourrir, l’inflation est galopante, l’essence est excessivement chère. Il y avait donc une contestation civile à l’encontre de ce gouvernement, comme dans tout pays qui traverse une crise économique. Les militaires s’en sont saisi pour dire : regardez, il faut qu’on reprenne la main », a indiqué Raphaëlle Chevrillon-Guibert.
Sur fond de manifestations dans les rues de Khartoum, le bras de fer entre civils et militaires ne fait que commencer. Les deux parties restent résolues à mener jusqu’au bout leur lutte. Le risque d’un bain de sang dans les prochains jours suscite inquiétude.
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