mercredi, novembre 6 2024

L’« amour n’a pas de prix», mais dans le vaste paysage des relations amoureuses, un sujet délicat mais fondamental continue de susciter des débats et des réflexions profondes. Il s’agit de la réciprocité financière. Car au cœur de chaque relation de couple se trouve un équilibre recherché entre l’amour partagé et les réalités financières. Sauf que très souvent, cet équilibre est difficile à maintenir.

Loin des contes de fées et des stéréotypes de genre, la manière dont les partenaires gèrent et perçoivent la contribution financière dans leur relation peut influencer la dynamique émotionnelle et l’harmonie du couple. Dans ce sillage, il est constaté une grande réticence des femmes à faire preuve de réciprocité financière dans leurs duos. Quelles sont les raisons et les nuances derrière les décisions des femmes qui refusent de partager leurs ressources monétaires au sein de leur relation ? Que met en lumière le tabou persistant de la réciprocité financière ? Entre attentes culturelles, indépendance financière et dynamiques relationnelles, découvrons les motivations qui teintent cette facette méconnue des relations modernes.

La réciprocité financière, une pilule très amère

Au prime abord, la réciprocité dans un couple peut être appréhendée comme cet équilibre où les partenaires donnent et reçoivent dans une relation. Cela englobe le soutien émotionnel, les efforts pour résoudre les problèmes et les compromis. Cela implique donc naturellement que les deux partenaires contribuent de manière équitable à la relation. Cela signifie offrir un soutien émotionnel mutuel, partager les responsabilités domestiques et financières de manière équilibrée, prendre des décisions ensemble, écouter activement et respecter les besoins et les sentiments de l’autre.

En général, cela englobe un échange harmonieux où les actions, les efforts et les attentions sont mutuellement donnés et reçus, créant ainsi un sentiment de confiance, de compréhension et de solidarité au sein de la relation. Cette fameuse réciprocité financière veut dire que les deux partenaires contribuent de manière équilibrée aux dépenses, aux responsabilités financières et aux investissements nécessaires pour la vie quotidienne, les projets communs et les objectifs partagés. La réciprocité financière peut englober différentes facettes, telles que le partage des coûts des factures, des achats majeurs, des sorties et loisirs, ainsi que des responsabilités liées aux finances familiales.

Mais pour bien de femmes africaines en général, cette notion de 50/50 en termes de contribution financière ne passe pas. Même si on crie égalité sur plusieurs aspects sur les ondes, la donne est totalement différente au sein des couples. La difficulté à maintenir la réciprocité financière dans les relations peut être influencée par divers facteurs culturels, sociaux et économiques. Dans de nombreuses sociétés, y compris certaines en Afrique, les rôles traditionnels selon le sexe peuvent créer des attentes inégales envers les femmes et les hommes.

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Un refus qui s’explique

D’après plusieurs femmes interrogées, leur refus de donner de l’argent aux hommes découle de divers facteurs. Il s’agit notamment des normes sociales, des attentes culturelles et des préoccupations personnelles. En ce qui concerne les normes de genre et attentes culturelles, dans de nombreuses cultures, il existe des attentes traditionnelles selon lesquelles les hommes sont censés être les pourvoyeurs financiers dans une relation. Et ce n’est pas encore l’heure de le changer.

Les femmes se sentent socialement ou culturellement obligées de suivre ces normes, ce qui peut influencer leur réticence à donner de l’argent aux hommes. « Les choses de 50/50 là, c’est les trucs de blancs. C’est lui l’homme. C’est lui qui porte la culotte. Donc c’est à lui de jouer pleinement son rôle de chef de famille en supportant les charges. C’est la tradition et ça a toujours été comme ça », a exprimé Inès, femme au foyer.

D’autres femmes par contre attachent une grande importance à leur possession ou autonomie financière. En d’autres termes elles ne se sentent pas en mesure ou ne peuvent simplement pas partager leur argent avec un partenaire par crainte de perdre leurs fortunes.

Donner de l’argent peut parfois entraîner des déséquilibres de pouvoir ou une dynamique de dépendance dans la relation. Certaines femmes de par leurs expériences passées craignent d’être malicieusement exploitées par leur conjoint. Car selon elles, donner de l’argent crée une situation où elles se sentent redevables ou qu’elles perdent leur influence dans la relation. « J’ai contribué énormément aux charges du ménage et à faire de lui ce qu’il est aujourd’hui. Mais c’est avec mes ressources qu’il est parti prendre une maitresse, me négligeant moi et nos enfants. Plus jamais je ne referai de pareilles choses. Garçon c’est pas camarade de quelqu’un. », s’est confiée Martine.

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Des femmes plus ouvertes

En matière de réciprocité financière dans le couple, il est important de noter que les attitudes individuelles varient et que de nombreuses femmes n’ont aucun problème à partager leur argent avec leur partenaire. Les choix financiers dans une relation dépendent souvent des valeurs personnelles, des croyances et des discussions ouvertes entre les partenaires pour trouver un équilibre qui fonctionne pour eux.

« J’ai grandi dans une culture où les hommes sont censés tout prendre en charge. Mais je veux être indépendante et avoir mon mot à dire. Donc je partage les coûts avec mon compagnon, car je veux une relation équilibrée, pas une dépendance financière », a fait savoir Zainab, 28 ans, Nigeria. Et d’ajouter « pour moi, la réciprocité financière est une question d’équité. Je veux contribuer autant que mon partenaire dans notre vie commune. Cela ne s’agit pas seulement d’argent, mais de construire ensemble notre futur. »

Pour Léa, une femme de 30 ans, vivant au Cameroun, les femmes ont une part de responsabilité à laquelle elles ne sauraient se soustraire pour un foyer heureux. « Je crois en l’émancipation des femmes. Si nous voulons être traitées équitablement, cela devrait s’étendre à l’aspect financier. Je ne veux pas être une charge financière, mais une partenaire active dans tous les aspects de notre relation. Alors je suis pleinement pour la réciprocité financière. », a-t-elle indiquée.

Selon la Marocaine, Amina, 35 ans, la difficulté est encore grande. « La réciprocité financière peut être compliquée dans notre société. Parfois, les hommes se sentent menacés si nous partageons les frais. J’essaie de trouver un équilibre en contribuant discrètement, sans ébranler leur fierté ». « C’est un acte d’amour mutuel. Nous construisons notre avenir ensemble, alors pourquoi ne pas partager les responsabilités financières aussi ? Cela renforce notre lien et notre compréhension mutuelle », Nomsa, 27 ans, Afrique du Sud.

 

Tony A.

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