lundi, octobre 14 2024

En Afrique de l’Ouest, la vente des médicaments de contrefaçon a atteint un montant supérieur à la valeur du trafic du pétrole brut et de la cocaïne réunis. La région ouest africaine riche en diversité culturelle et en potentiel économique, fait face à un défi croissant et inquiétant : l’expansion du trafic de médicaments.

Cette menace silencieuse et rampante s’insinue de plus en plus profondément dans les sociétés ouest-africaines, mettant en péril la santé publique, la sécurité des populations, et sapant les efforts pour garantir un accès équitable aux soins de santé. C’est ce que révèle un récent rapport de Global Initiative. L’affaire des sirops toxiques contre la toux avait fait scandale en Gambie en octobre dernier illustre un phénomène alarmant en Afrique de l’ouest.

Le trafic de médicaments, un marché extrêmement lucratif

D’après ledit rapport l’Afrique de l’Ouest est devenue l’un des points névralgiques du trafic de médicaments. Et les produits médicaux illicites représentent entre 20 et 60 % du marché officiel pour l’ensemble de la région, et jusqu’à 80 % du marché au Burkina Faso et en Guinée. Mais malheureusement pour les gouvernements des pays concernés par ce fléau, il est encore difficile de comprendre comment ces réseaux économiques illicites fonctionnent.

Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la vente des médicaments de contrefaçon en Afrique de l’Ouest atteint environ un milliard de dollars américains, soit un montant supérieur à la valeur du trafic du pétrole brut et de la cocaïne réunis.

Pour les trafiquants de médicaments, le marché des produits contrefaits est extrêmement lucratif. Sa valeur estimée se situe entre 200 et 431 milliards de dollars américains, ce qui fait de ce marché un rival de poids de l’industrie des stupéfiants qui atteint les 435 milliards de dollars américains. Et l’implication des organisations criminelles dans le trafic de produits médicaux est bien établie.

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Les raisons de cette expansion redoutable

Bien que la vente de produits médicaux de qualité inférieure et contrefaits soit un défi mondial croissant, elle est particulièrement répandue dans les pays en développement. Cela s’explique aisément par l’inefficacité de la réglementation, la faible application des lois, la corruption et la pénurie de ressources. En conséquence, le marché illicite de médicaments continue allègrement de prospérer en Afrique de l’Ouest et sur tout le continent quand bien même ces produits médicaux illicites constituent un des enjeux principaux du développement

« Selon l’OMS, 90 % des pays africains ont une capacité limitée voire n’en ont aucune à réglementer les produits médicaux12, principalement en raison de l’insuffisance des ressources, du manque d’effectifs des organes de régulation, et du peu d’efficacité des mécanismes d’assurance de la qualité », peut-on lire dans le rapport.

Ces dernières années, la violence et l’instabilité au Burkina Faso dans le sahel ont contribué à une forte expansion du marché, et ses frontières poreuses sont devenues, aux côtés du port maritime de Conakry, en Guinée, les principaux itinéraires de contrebande. Alors malgré une lutte engagée contre le trafic de médicaments, les filières bien organisées continuent de se développer.

Malgré son ampleur, son impact dévastateur sur les communautés et sa rentabilité pour les réseaux criminels, le marché des produits médicaux illicites en Afrique de l’Ouest est encore largement sous-estimé.

Tony A.

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