La lutte contre la corruption en Afrique est loin d’être gagnée. C’est ce qu’indique le nouveau rapport très accablant d’Amnesty International. Celui-ci a été publié ce mardi 11 juillet 2023, à l’occasion de la journée africaine de lutte contre la corruption. Dans ce rapport, Amnesty International met en évidence la triste réalité de la corruption qui continue de gangrener l’Afrique.
Il faut souligner que ledit document met en avant la situation dans 19 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Malgré les efforts déployés par de nombreux pays et organisations pour lutter contre ce fléau, le mal persiste avec une intensité alarmante. Ce constat accablant remet en question les progrès réalisés et soulève des préoccupations quant à l’impact dévastateur de cette mauvaise pratique sur le développement économique, social et politique du continent africain.
Une corruption qui perdure
D’après Liliane Mouan, conseillère sur la corruption et les droits humains à Amnesty International à Dakar, ces dernières années en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le fléau connait plutôt une forte évolution.
« Nous constatons malheureusement que malgré le fait que 48 des 55 États membres de l’Union africaine (UA) aient ratifié la convention de l’Union africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, la corruption perdure avec la même intensité en Afrique et prospère dans un climat de restrictions draconiennes des droits humains et de l’espace civique, qui limite la capacité des défenseurs des droits humains à demander des comptes à des acteurs puissants au sujet de la corruption », a-t-elle déclaré.
Au cœur de la lutte contre la corruption en Afrique, les défenseurs des droits humains font face à un avenir incertain, ponctué de dangers et de représailles. Les risques auxquels ils sont confrontés sont nombreux : arrestations arbitraires, harcèlement incessant, détentions injustes et imposantes amendes. Pour certains, leur engagement va même jusqu’à mettre leur vie en péril.
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Des défenseurs des droits de l’homme en danger
« Les défenseurs des droits humains qui essaient de combattre la corruption sont confrontés à un manque de lois permettant de les protéger, à des institutions judiciaires biaisées et à une culture d’impunité qui laisse justement les pratiques malhonnêtes et les abus de pouvoir impunis », a fait savoir Liliane Mouan.
C’est le cas par exemple des journalistes tels que Martinez Zogo, le togolais Ferdinand Ayité, qui a été contraint à l’exil, Ibrahim Bana, et bien d’autres. Sont aussi concernés, les blogueurs et blogueuses, on parle des lanceurs et lanceuses d’alerte, on parle de professionnels de la santé, on parle même des leaders locaux.
Et d’exhorter, « nous souhaiterions vraiment que les États prennent en compte les obligations qu’ils ont signé au niveau international et respectent les droits à la liberté d’expression et des réunions pacifiques qu’ils promeuvent et protègent les droits des défenseurs des droits humains, luttant contre la corruption et mettre fin à l’impunité des responsables d’agression et autres atteintes aux droits humains. Entre autres recommandations que nous proposons dans le rapport ».
La communauté internationale à travers les organes régionaux et sous-régionaux, tels que la Commission africaine des droits de l’homme et du peuple, est elle aussi interpellé à agir pour éradiquer la corruption en Afrique.
Tony A.