samedi, octobre 5 2024

Le 30 juin 2024, une publication sur Instagram a fait l’effet d’une bombe au Cameroun et bien au-delà. Brenda Biya, fille du président camerounais Paul Biya, a révélé publiquement sa relation amoureuse avec une femme, défiant ouvertement les lois sévères et les tabous culturels de son pays.

Cette déclaration audacieuse n’est pas seulement un acte personnel de bravoure, mais aussi un puissant appel au changement. Dans une interview exclusive accordée au quotidien français Le Parisien le 9 juillet, Brenda partage son expérience, ses espoirs et ses défis, dans l’espoir de catalyser une transformation sociétale et législative au Cameroun.

Un acte de courage et d’amour  de Brenda Biya ?

Brenda Biya, âgée de 26 ans, a révélé publiquement son orientation sexuelle dans une déclaration pleine d’amour et de solidarité. « Il y a plein de gens dans la même situation que moi qui souffrent à cause de ce qu’ils sont », a-t-elle déclaré, exprimant son souhait de donner de l’espoir et de la force à ceux qui luttent contre l’homophobie au Cameroun. Elle a reçu des messages de soutien mais aussi de nombreuses réactions homophobes. Se remémorant son premier « crush » pour une fille à l’âge de 16 ans, Brenda Biya explique son long chemin vers l’acceptation de soi dans un contexte culturel et familial conservateur.

En discutant de sa relation avec la mannequin brésilienne Layyons, avec qui elle est depuis huit mois, Brenda Biya a souligné les difficultés de vivre une double vie, où même ses proches ne savaient pas la véritable nature de sa relation. Son coming-out a été un choc pour sa famille, entraînant une réaction immédiate et négative, surtout de la part de son frère. « J’ai toujours eu du mal à rester dans le cadre […] Je suis un peu le mouton noir de ma famille », a-t-elle déclaré. Malgré les appels de ses parents pour supprimer sa publication, Brenda a choisi de rester fidèle à elle-même, marquant un point de non-retour.

Lire Aussi : [ANALYSE] LÉGALISATION DE L’HOMOSEXUALITÉ EN AFRIQUE: DIKTAT INTERNATIONAL OU LIBRE CHOIX DES NATIONS ?

Un combat pour l’égalité

Au Cameroun, comme dans de nombreux autres pays africains, les relations homosexuelles sont sévèrement punies par la loi, avec des peines pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison.Le contexte africain est particulièrement rigide sur les questions LGBTQ+. Dans plusieurs pays voisins comme le Nigeria, l’Ouganda, et le Kenya, les lois anti-homosexualité sont encore plus sévères, et les personnes LGBTQ+ sont souvent victimes de violences, de discriminations et de marginalisation sociale.

Selon une étude de l’ILGA (International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association), 32 des 54 pays africains pénalisent encore les relations entre personnes de même sexe. Et le Cameroun est l’un de ces pays. Brenda Biya considère cette loi injuste et espère que son histoire contribuera à la faire changer. « Les mentalités évoluent au Cameroun, notamment chez la jeune génération, » a-t-elle affirmé, en appelant à la suppression de la peine de prison pour les rapports entre personnes de même sexe comme première étape vers une dépénalisation complète.

Cependant, ce combat n’est pas sans risques. Brenda Biya est consciente qu’elle pourrait perdre beaucoup, y compris ses liens familiaux et le droit de retourner dans son pays. Elle espère néanmoins ouvrir un dialogue honnête avec ses parents et contribuer à une société plus tolérante et inclusive.

Lire Aussi : CHOC EN OUGANDA : LA PEINE DE MORT MENACE LES HOMOSEXUELS !

Réactions et conséquences

Le coming-out de Brenda Biya a suscité des réactions variées au Cameroun. Le mouvement « Debout contre la dépénalisation de l’homosexualité dans notre pays » (DDHP) a porté plainte contre elle pour « promotion et incitation à la pratique de l’homosexualité ». Le président de DDHP, Patrice Christ Guidjol, a déclaré que « nul n’est au-dessus des lois ».

En réponse, une source gouvernementale à Yaoundé a souligné que cette situation relève de la vie privée d’une personne majeure résidant hors du pays et n’engage en rien le Cameroun ni le chef de l’État. Néanmoins, l’acte de Brenda Biya a ouvert un débat crucial sur les droits des personnes LGBTQ+ au Cameroun et pourrait bien être le catalyseur d’un changement tant attendu.

En fin de compte, Brenda Biya reste déterminée et espère que son geste contribuera à une évolution positive des mentalités et des lois au Cameroun, offrant une lueur d’espoir à ceux qui, comme elle, aspirent à vivre librement et ouvertement.

 

Tony A.

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