Togo/Santé : élimination de la Trypanosomiase Humaine Africaine, voici les étapes de la lutte
Le Togo s’est lancé dans la lutte contre les maladies parasitaires depuis plusieurs décennies. Celle contre la Trypanosomiase Humaine Africaine (THA) communément appelée « maladie du sommeil » a connu plusieurs étapes. Ce qui donne un caractère historique à cette maladie.
Faisant partie des maladies tropicales négligées, MTN, la Trypanosomiase Humaine Africaine(THA) est une maladie qui est une parasitose causée par le protozoaire flagellé appelé Trypanosoma gambiense. Communément appelé maladie du sommeil, elle se manifeste suite à la piqure d’une mouche dénommée mouche tsé-tsé. C’est une maladie mortelle si le traitement n’est pas efficace.
En effet, le premier foyer de cette maladie a été répertorié dans la région des plateaux en 1884. Entre cette période et 1960, les foyers se sont multipliés aux régions des Savanes et de la Kara. Le taux d’infectés en 1884 était de 1938, selon les statistiques. Entre 1939 et 1946, l’on comptait 755 cas en moyenne par année, 9 cas entre 1977 et 1984 et 1 cas en moyenne par an de 1985 à 1996.
Ce qui a été fait pour endiguer la Trypanosomiase Humaine Africaine
L’apparition de l’endémie a conduit à des actions afin de contrecarrer son évolution. Ainsi, la lutte contre la Trypanosomiase Humaine Africaine a été essentiellement basée sur la prise en charge des cas. Elle était caractérisée par la mise en place des centres de dépistage et de prise en charge des cas. Ensuite, les unités mobiles ont été formées afin d’atteindre plus de monde.
Ces méthodes ont, donc, été efficaces puisque jusqu’avant les années d’indépendance, la maladie était presque inexistante. Mais, un relâchement entre 1960 et 1975 dû à l’apparition de nouvelles maladies notamment le paludisme, l’onchocercose et autres maladies à potentiel épidémique. Suite à cela, on note une apparition de nouveaux foyers de contamination. Un rappel à l’ordre de l’OMS vis-à-vis de plusieurs des pays dont le Togo qui est de loin le seul partenaire dans cette lutte a permis une remise en œuvre des méthodes en 1975. Le service des Grandes Endémies a permis de dépister et de prendre en charge les rares cas de Trypanosomiase Humaine Africaine dans les régions septentrionales considérées comme seuls foyers actifs résiduels du pays.
La création en 1990 du PNLTHA a permis une continuité des activités de prospections et de dépistages. Les cas devenaient rares et le dernier cas de Trypanosomiase Humaine Africaine a été confirmé en 1996. Devant la persistance des titres sérologiques et l’absence de trypanosome lors des prospections, le PNLTHA a eu à faire effectuer des tests de trypanolyse au CCOMS d’IRD/CIRDES à Bobo Dioulasso au Burkina-Faso avec l’appui de l’OMS, mais les résultats se sont tous révélés négatifs.
En 2009, un atelier de revue des activités de lutte contre la THA en Afrique de l’Ouest a eu lieu. Un changement de stratégie devrait être fait pour les pays n’ayant pas enregistrés de cas depuis plus d’une dizaine d’années. La mise en place des sites sentinelles a été préconisée afin d’aider à documenter l’élimination de la THA comme problème de santé publique.
Le rôle des sites sentinelles
A partir de 2011, deux sites sentinelles en l’occurrence les hôpitaux de Mango et de Tchamba ont été sélectionnés au Togo selon les critères définis et validés par le PNLTHA et l’OMS/Afro. Un Screening de tous les patients en consultation dans les sites sentinelles a été fait en 2013.
Malgré le screening ciblé, aucun cas n’a été signalé jusqu’à ce jour de 2013 à nos jours. La lutte anti-vectorielle a fait partie intégrante de la stratégie de lutte contre la trypanosomose animale. Elle a été menée dans le cadre du projet de lutte contre la trypanosomose animale au Togo (GCP/TOG/013/BEL) à partir de 1989. Depuis la fin du projet en 1999, la lutte contre les vecteurs de la Trypanosomiase Animale Africaine (TAA) est menée à petite échelle et à titre privé. La surveillance de cette maladie a toujours été importante pendant la lutte. Elle a continué après le dernier cas en 1996. La surveillance faite de 2013 à 2019 n’a montré aucun cas positif.
Ces résultats ont, in fine, permis au pays d’introduire un dossier pour la certification de l’élimination de la Trypanosomiase Humaine Africaine auprès de l’OMS en 2018. Ce dossier a été validé le 22 juin 2020, faisant du Togo le premier pays africain à avoir éliminé la Trypanosomiase Humaine Africaine. Cependant, les pays voisins (Ghana, Burkina-Faso et Bénin) n’étant pas encore à la phase du Togo, la surveillance doit continuer afin d’éviter toute résurgence de cette maladie.