Jeudi dernier, le Conseil constitutionnel mauritanien a officiellement validé la réélection de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, consolidant ainsi son poste à la présidence pour un second mandat de cinq ans. Élu pour la première fois en 2019, Ghazouani, un militaire de carrière de 67 ans, a remporté 56,12 % des voix lors de l’élection présidentielle récente. Cette validation est intervenue sans aucun recours de la part des six autres candidats, rendant ainsi la procédure quasiment automatique.
Trois des concurrents de Ghazouani, dont Hamad Ould Sid Elmotar, candidat du parti islamiste Tewassoul, ont même félicité le président réélu. Cette attitude de reconnaissance contraste fortement avec celle de Biram Dah Abeid, le principal rival de Ghazouani. Abeid, un militant anti-esclavagiste arrivé en deuxième position, conteste les résultats du scrutin et appelle à un dialogue avec le pouvoir pour résoudre la crise post-électorale. Les résultats proclamés lundi par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) avaient en effet déclenché des troubles dans certaines villes du pays, particulièrement dans le sud, causant la mort de trois personnes et blessant deux policiers.
Les réactions et conséquences
La réélection de Ghazouani a suscité des réactions diverses parmi la classe politique mauritanienne et au sein de la population. Si certains voient en lui la stabilité et la continuité, d’autres, notamment les partisans de Biram Dah Abeid, expriment leur mécontentement et leur scepticisme quant à la transparence du processus électoral. Les troubles post-électoraux soulignent une fracture persistante au sein du pays, une fracture que Ghazouani devra adresser rapidement s’il souhaite gouverner efficacement durant son second mandat.
La situation actuelle pose également des questions sur l’évolution politique de la Mauritanie. La reconnaissance de la victoire par plusieurs concurrents montre une certaine maturité démocratique, mais les contestations de Biram Dah Abeid rappellent les défis persistants. L’appel au dialogue d’Abeid pourrait ouvrir la voie à une réconciliation nationale, si Ghazouani et son administration choisissent de tendre la main à l’opposition. Ce dialogue pourrait être crucial pour apaiser les tensions et promouvoir une plus grande inclusion politique.
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Défis à Venir pour Ghazouani
Le second mandat de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani s’annonce semé d’embûches. Le président devra naviguer entre les attentes de ses partisans, les exigences de l’opposition, et les préoccupations internationales. Les troubles récents montrent que la population est prête à se mobiliser pour défendre ses intérêts, et la gestion de ces dynamiques sociales sera essentielle pour maintenir la paix et la stabilité.
Sur le plan économique, Ghazouani devra également faire face à des défis majeurs, notamment la diversification de l’économie mauritanienne et la réduction du chômage. Les ressources naturelles, bien que cruciales, ne suffiront pas à elles seules pour garantir une croissance durable. Le président réélu devra mettre en place des réformes structurelles et attirer des investissements étrangers pour dynamiser l’économie.
La réélection de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani marque un tournant pour la Mauritanie. Avec un second mandat confirmé, le président devra démontrer sa capacité à unifier le pays, à répondre aux aspirations de la population et à promouvoir une gouvernance inclusive. Les prochaines années seront déterminantes pour l’avenir politique et économique de la Mauritanie.
Tony A.