Suite à la prise du pouvoir par les militaires, une figure emblématique de la politique gabonaise se trouve à la croisée des chemins au cœur d’un procès. Pascaline Bongo, fille du défunt président Omar Bongo et sœur d’Ali Bongo, se retrouve face à la justice française. Le procès qui s’ouvre ce lundi est inédit, et met en lumière des allégations de corruption passive d’agent public étranger.
La discrète Pascaline Bongo se trouve désormais sous les feux des projecteurs. Elle est accusée d’avoir joué un rôle clé dans l’octroi d’un marché public au Gabon en échange d’une somme considérable.
Un partenariat fictif de Pascaline Bongo avec Egis Route
Le cœur de l’affaire réside dans le prétendu « partenariat fictif » entre Pascaline Bongo et la société française Egis, particulièrement sa filiale Route. L’accusation soutient que cette collaboration visait à faciliter la participation d’Egis dans la création de l’Agence nationale des grands travaux du Gabon.
Supervisant d’importants chantiers d’infrastructures, cette agence jouait un rôle crucial dans le développement du pays. En échange de son influence, Pascaline Bongo aurait, selon les allégations, perçu la somme considérable de 8 millions d’euros. Au banc des accusés se trouvent également deux ex-cadres d’Egis Route ainsi que le directeur commercial actuel, tous liés à cette affaire aux ramifications complexes.
Dans l’enceinte du tribunal, l’avocate de Pascaline Bongo, Me Corinne Dreyfus-Schmidt, se montre confiante, qualifiant l’affaire de « non-sens juridique ». Elle soulève des questions relatives à la prescription, à la compétence, et à la qualification des faits. Selon elle, l’instruction s’est précipitée pour conduire, à tout prix, la personnalité connue qu’est Pascaline Bongo à la barre. Les défenses légales esquissent ainsi un tableau complexe, cherchant à remettre en question les fondements de l’accusation et à défendre l’intégrité de la figure centrale de cette affaire.
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Transparency International en Observateur
La portée de ce procès ne se limite pas aux préoccupations nationales. Transparency International, l’ONG anti-corruption, surveillera attentivement les développements de cette affaire. En qualifiant le procès d’important, l’organisation souligne le fait que les cas de corruption d’agent public étranger sont rares en France.
Sara Brimbeuf, responsable du pôle flux financier illicite au sein de l’ONG, souligne que cette affaire pourrait contribuer à faire avancer le droit, clarifier des interprétations juridiques et éclairer d’éventuels délits. L’implication de Pascaline Bongo, haut placée dans la hiérarchie du clan familial, ajoute aussi une dimension particulière à cet examen judiciaire.
Le verdict final aura des répercussions non seulement sur la destinée de Pascaline Bongo mais aussi sur les relations franco-gabonaises et la manière dont la France traite les cas de corruption internationale. Dans une atmosphère où la transparence et la justice sont au premier plan, le Tribunal judiciaire de Paris devra démêler les fils complexes de cette affaire et prononcer un jugement qui résonnera au-delà des frontières.
Sandrine A.