Le NDC, principal parti d’opposition au Ghana, a organisé des manifestations le mardi 17 septembre 2024, rassemblant des milliers de partisans dans plusieurs villes du pays. À trois mois de l’élection présidentielle prévue pour le 7 décembre, le parti accuse la Commission électorale de manipuler les listes d’électeurs et réclame un audit indépendant du fichier électoral, une demande que la Commission a fermement rejetée, alimentant ainsi les tensions politiques.
Dans un climat de méfiance croissante, les manifestants appellent à davantage de transparence et d’intégrité avant l’échéance électorale. Avec ces manifestations, l’opposition cherche à influencer le débat politique à un moment critique, où la confiance dans les institutions démocratiques du Ghana semble ébranlée.
Accusations de manipulation des listes électorales
Les manifestations de mardi font suite à des accusations sérieuses portées par le NDC contre la Commission électorale, présidée par Jean Mensa. Le parti accuse l’institution d’avoir illégalement transféré 17 000 électeurs sur d’autres listes et d’avoir gonflé artificiellement le nombre d’inscrits. Ces accusations ont ravivé la méfiance au sein d’une partie de l’électorat ghanéen. « Pourquoi la commission électorale a-t-elle peur d’un simple audit ? » pouvait-on lire sur certaines pancartes des manifestants dans les rues d’Accra.
Fiifi Kwetey, secrétaire général du NDC, a exprimé les demandes du parti, exigeant une réunion d’urgence avec tous les partis politiques, les organisations de la société civile et les partenaires internationaux. Pour lui, seule une vérification indépendante peut rétablir la confiance dans le processus électoral. Le cortège, encadré par un important dispositif policier, s’est rendu devant le Parlement avant de marcher vers le siège de la Commission électorale, le lieu symbolique de toutes les frustrations.
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Une crise de confiance généralisée selon le NDC
Le malaise va au-delà des querelles politiques habituelles. Une étude récente publiée par Afrobarometer montre que seulement 33% des Ghanéens font confiance à la Commission électorale. Pour des manifestants comme Daniel Kweshi, sympathisant du NDC, cette méfiance est alimentée par la perception d’un favoritisme en faveur du Nouveau parti patriotique (NPP), actuellement au pouvoir. « La présidente de la Commission essaie de contraindre le NDC et d’autres partis pour avantager le NPP », déclare-t-il.
Malgré les tensions, les manifestations se sont globalement déroulées dans le calme à travers le pays, selon les autorités policières. Un seul incident a été signalé à Kumasi, où des manifestants ont tenté de forcer l’entrée de la branche locale de la Commission électorale. Cette relative sérénité témoigne d’une volonté de maintenir la pression sans violence, alors que le pays s’apprête à vivre une élection déterminante pour son avenir politique.
Sandrine A.