Pour faciliter un rapide retour à l’ordre constitutionnel au Mali, la disponibilité de la CEDEAO à accompagner la transition reste toujours de mise. Apparemment, la main ferme des chefs d’Etats ouest africains contre la junte n’a pas empêché leur ouverture à un dialogue. Toutefois, cette nouvelle démarche laisse planer plusieurs interrogations.
La CEDEAO est-elle en train de plier progressivement face à la junte. Va-t-elle très bientôt annuler ses sanctions très critiquées contre le Mali ? L’usage de la rue par les militaires au pouvoir impacterait-il la position de l’instance communautaire ? Tout compte fait, la disponibilité de la CEDEAO à dialoguer avec les militaires sera certainement porteuse d’une issue favorable à la résolution de cette crise au Mali qui perdure.
Une forte mobilisation des Maliens
Même si les Maliens ne sont pas tous d’accord avec la prolongation de la transition pour une durée de cinq ans, ils ont posé un geste fort vendredi dernier. Leur soutien accordé au colonel Assimi Goita et les siens a certainement pesé dans la balance, dans le bras de fer contre la CEDEAO. Ce qui a débouché sur un changement de ton de la part de l’instance sous régionale. En clair, une disponibilité de la CEDEAO affichée.
Aujourd’hui, si elles le veulent, les autorités en place pourraient profiter de cette disponibilité de la CEDEAO à négocier pour restaurer l’équilibre. Mais le jeu politique étant ce qu’il est, les acteurs de la crise malienne évitent de faire le premier pas, de peur de se montrer faibles. « Nous donnons toujours une chance au dialogue avec la CEDEAO et l’UEMOA », avait déclaré Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale.
Quoi qu’il en soit, on peut donc dire que la pression quitte peu à peu le camp des militaires qui ont, semble-il, renverser la vapeur, en se victimisant. C’est-à-dire, en qualifiant les sanctions de la CEDEAO illégitimes, illégales et de surcroit très nuisibles pour les populations, premières victimes de ces mesures. De plus, en jouant sur la fibre patriotique en invoquant la défense de la souveraineté nationale contre des forces extérieures, ils rallient davantage les Maliens à leur cause.
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La disponibilité de la CEDEAO à dialoguer, une incongruité
« La CEDEAO reste disponible pour accompagner le Mali pour le retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections crédibles dans un délai raisonnable et réaliste », pouvait-on lire sur le réseau social Twitter de l’organisation sous régionale. Pour bon nombre d’analystes et d’observateurs de la situation au Mali, la posture de la CEDEAO bien que salutaire est quelque peu convaincante.
« Bizarre, négocier avec un malade que vous avez placé volontairement sous intraveineuse à travers un tweet me semble illogique. On ne comprend pas votre acharnement contre le Mali. Soyez ferme avec les chefs d’états qui optent pour le 3ème mandat », a pour sa part déploré Raïssa Kassiré. Elle considère peu appropriée cette disponibilité de la CEADEAO à négocier avec les putschistes.
« Une transition n’est pas une fin en soi, une élection n’est pas une fin en soi. L’erreur que la CEDEAO commet, c’est de ramener tout aux élections. Le Mali n’a fait que des élections depuis 30 ans. Pourtant pendant 30 ans, il n’a cessé de sombrer. Et d’ailleurs, le dernier coup d’Etat est intervenu à la suite d’élections », a laissé entendre le premier ministre malien, Choguel Kokala Maiga. Si la CEDEAO et la junte continuent de camper sur leurs positions, il y a un grand risque que la crise malienne tombe dans l’impasse. Ce qui serait très préjudiciable tant pour la sous régions ouest africaine et la CEDEAO elle-même.
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