Depuis le putsch de 2021, le Soudan est en proie à un conflit de pouvoir entre deux hommes. Il s’agit du général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant actuel du pays et le général Mohamed Hamdane Daglo, surnommé « Hemedti ». Ce dernier est le numéro deux de l’armée et leader des Forces de soutien rapide (FSR).
Depuis quatre jours, les deux personnalités influentes du pays se livrent dans la capitale une bataille farouche pour le pouvoir. Pour l’heure la situation reste chaotique et on enregistre déjà près de 200 morts et 1800 blessés. Les combats se poursuivent malgré les appels internationaux « à mettre immédiatement fin à la violence ».
Un conflit de pouvoir sans surprise
Selon Marina Peter, directrice de l’association « Forum Soudan », ce conflit de pouvoir entre les deux chefs militaires était soupçonnable depuis un bon moment déjà. Les rumeurs faisaient écho qu’un des deux généraux chercherait à s’emparer du pouvoir suprême, étant donné leur armement et leur richesse considérable. Ils bénéficient également de soutiens internationaux, la Russie pour Hemedti et l’Égypte pour le général Burhan.
Par ailleurs, l’incorporation des paramilitaires dans l’armée est un point de discorde qui bloque le retour des civils au pouvoir. Même si les chefs militaires se présentent comme des défenseurs de la démocratie, Marina Peter considère cela plutôt comme une manœuvre visant à renforcer leur position dans la lutte pour le pouvoir.
Pour l’instant impossible de savoir qui contrôle quoi. Les deux forces par communiqués interposés affirment tenir le QG de l’état-major, le palais présidentiel et l’aéroport. Le général Hemedti a annoncé ce mardi sur Twitter avoir approuvé « un cessez-le-feu de 24 heures », mais l’armée a apporté un démenti sur Facebook en dénonçant « une déclaration de la rébellion visant à dissimuler sa défaite imminente ».
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Retard de réaction de la communauté internationale
Malgré le caractère prévisible de l’escalade de la tension, la communauté internationale a tardé à réagir, dans le cadre de ce conflit de pouvoir ,déplore-t-elle. Les Nations unies et les personnalités influentes n’ont pas pris des mesures décisives pour trouver une solution diplomatique à la situation.
« Où sont les Nations unies ? C’est une question que nous nous posons depuis longtemps. Au final, ces derniers mois, aucune figure forte ne s’est vraiment mobilisée en faveur d’une solution diplomatique alors que l’escalade était prévisible. Cela montre à nouveau l’impuissance de la communauté internationale à gérer de telles situations. »
En conséquence, la situation humanitaire se détériore rapidement alors que plus d’un tiers des Soudanais dépendent de l’aide humanitaire. Le Programme alimentaire mondial a dû suspendre son assistance à la suite du pillage de ses stocks d’aide et de la mort de trois de ses employés dans des combats au Darfour, dans l’ouest du pays. La population souffre ainsi davantage à mesure que le conflit de pouvoir s’intensifie.
Steven Wilson