Crise malienne: Le Togo devient médiateur officiel entre les autorités de transition et la communauté internationale
Dans un contexte où la crise malienne s’intensifie notamment à cause des relations conflictuelles avec la France, plusieurs officiels maliens ont effectué une visite de travail ces 3 et 4 mai au Togo. Conduite par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, accompagné par le ministre de l’économie et celui des transports, cette délégation a échangé avec leurs homologues togolais.
La mission malienne a également été reçue en audience par Faure Gnassingbé, chef de l’Etat, à qui le diplomate et sa suite ont transmis un message du colonel Assimi Goïta. En effet, le président de la transition a tenu a sollicité officiellement le soutien de Faure Gnassingbé pour “l’effort de dialogue malien avec la communauté internationale”, l’invitant à prendre “des initiatives de facilitation”. Sollicitation à laquelle Lomé a répondu favorablement.
Une annonce de médiation dans la crise malienne qui ne surprend pas
Il faut dire que ce nouvel acte de proximité entre Lomé et Bamako dans cette crise malienne surprend très peu. En effet, depuis le putsch de septembre 2020 qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Kéita, le Togo s’est toujours montré bienveillant envers les nouvelles autorités du pays. En témoignent, les multiples visites de travail, souvent discrètes, que se sont rendues les premières autorités des deux pays au cours des derniers mois.
Si cette fois-ci, il s’agit d’une sollicitation officielle, le Togo a toujours usé de son influence au sein des organisations régionales pour soutenir les autorités de la transition. Le pays, peu partisan de la logique de fermeté et de coercition adoptée par la CEDEAO et l’UEMOA, a souvent défendu une approche de dialogue et de bienveillance pour trouver une solution idoine à la crise malienne.
La récente visite express du président Faure Gnassingbé auprès de son homologue ivoirien Alassane Ouattara, reconnu pour son intransigeance face aux divers régimes de transitions issus des derniers coups d’Etat dans la région, illustre bien cette action togolaise en faveur du Mali et des autres pays sous transition. « Nous devons tout faire pour éviter l’impasse d’un côté comme de l’autre et sortir peut-être des sentiers battus. Il faut continuer à se concerter entre nous chefs d’Etat, mais également avec les autorités de transition », avait déclaré le chef de l’Etat togolais à l’issue des échanges.
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Groupe de soutien pour la transition au Mali, Coalition pour le Sahel, Conférence internationale sur les transitions politiques
Au-delà de la crise malienne, c’est la sécurité et la stabilité de toute la région du Sahel qui semble tenir à cœur aux autorités de Lomé. Il s’agit surtout pour Faure Gnassingbé et Robert Dussey, chef de la diplomatie togolais, d’œuvrer à une action multilatérale pour éradiquer la menace terroriste dans la région sahélienne et éviter sa propagation aux pays du golfe de Guinée.
« Qui protège le Sahel, protège la région du golfe de Guinée et pour le Togo la lutte pour la sécurité et la préservation de la stabilité des pays du golfe de Guinée est inséparable de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme au Sahel », avait notamment déclaré le diplomate en marge de la troisième réunion des ministres de la Coalition pour le Sahel.
En effet, en plus d’avoir abrité les réunions du Groupe de soutien pour la Transition au Mali (GST-Mali), le Togo est partie-prenante de plusieurs cadres multilatéraux devant permettre de trouver des solutions concertées et pérennes à la crise malienne et à la crise sécuritaire qui sévit au Sahel.
Ainsi, le pays est membre de Coalition pour le Sahel, un groupe d’Etats et d’organisations internationales qui vise à faciliter la synchronisation, la coordination et les interactions entre les différentes parties prenantes de l’action internationale venant en appui des pays du G5 Sahel. Le Togo est également actif au sein de L’initiative d’Accra, un mécanisme de sécurité coopératif et collaboratif reposant sur le partage d’informations et de renseignements, la formation du personnel de sécurité et de renseignement, et la conduite d’opérations militaires conjointes transfrontalières. Initiative lancée en septembre 2017 par le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Togo. espérons donc que ce nouveau rôle puisse permettre la résolution efficace de la crise malienne.
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Klétus Situ.