lundi, mai 6 2024

L’opération Barkhane au Sahel va amorcer une transformation. Elle va consister en une réduction de la présence militaire française au Sahel, la fermeture de bases et une réarticulation de la lutte antijihadiste autour d’une « alliance internationale » associant des Européens. Cette réduction est sur fond d’accusation des pays du Sahel mais peut aussi cacher d’autres malaises.

La réduction de la présence militaire française au Sahel a été annoncée par Emmanuel Macron, hier jeudi, lors d’une conférence de presse consacrée à divers sujets.

La transformation de l’opération Barkhane au Sahel

« Nous allons amorcer une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », a déclaré le président français lors d’une conférence de presse. Cette transformation de l’opération Barkhane impliquera « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et la « mise en œuvre d’une alliance internationale associant les États de la région et tous nos partenaires, strictement concentrée sur la lutte contre le terrorisme », a-t-il ajouté.

L’effectif actuel de plus de 5000 soldats, tournera à l’horizon 2023 autour de 2.500 personnes a indiqué une source ayant connaissance du dossier à l’AFP. De plus l’Elysée, ajoute qu’un départ du Nord du Mali pourrait survenir « à l’horizon de l’automne ». Le président estime que la forme de la présence française au Sahel « n’est plus adaptée à la réalité des combats ». C’est pourquoi il prévoit une alliance internationale structurée autour de la force européenne Takouba, lancée en mars 2020. La France restera, tout de même, la colonne vertébrale de cette force à laquelle seront associées d’autres armées africaines et internationales.

L’accent sera désormais mis sur la lutte contre le terrorisme, notamment la mise à l’écart de Iyad Ag Ghaly, le chef du GSIM, responsable de très nombreuses attaques au Mali, au Burkina Faso, et au Niger. Mais aucun calendrier n’est donné quant à la mise en œuvre.

Une accusation des pays du Sahel qui occulte les autres raisons de cette transformation

Dans cette décision de transformation de l’opération Barkhane, un doigt accusateur est pointé vers les pays du Sahel. Officiellement, la transformation est justifiée par les choix de certains dirigeants sahéliens. « Je suis obligé de constater que, dans plusieurs États de la région, il n’y a pas eu un réengagement des décideurs pour faire revenir l’État et l’administration dans les zones qu’on libère du terrorisme », a déclaré Emmanuel Macron, avant d’ajouter : « ce n’est pas le rôle de la France de se substituer à perpétuité aux États ».

Pour l’Elysée, la France n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel par sa force et ce sont les Africains qui ont pour vocation d’assurer la sécurité des pays africains. Un proche du chef de l’Etat ajoute : « une opération militaire qui dure devient, qu’on le veuille ou non, comptable des échecs des États de la région sur lesquels on n’a pas de prise, mais dont on se retrouve à assumer la responsabilité ».

La CEDEAO est aussi montrée du doigt pour avoir reconnu le colonel Assimi Goïta comme président de la transition au Mali, après un deuxième putsch de l’intéressé en neuf mois. Mais notons ici que, cette accusation peut être retournée contre Macron qui a eu un comportement semblable au Tchad, ce qui a pu créer un précédent aux yeux des putschistes maliens. Il dénonce également un penchant des nouvelles autorités maliennes au dialogue avec les djihadistes, véritable ligne rouge fixée par la France.

Cependant, des avis éclairés voient en la transformation de l’opération Barkhane, une action s’inscrivant dans le cadre d’une précampagne pour la future élection présidentielle dans 10 mois. En effet, cet effort militaire de longue haleine suscite aussi des interrogations croissantes en France, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013. L’opération Barkhane semblait de plus en plus impopulaire dans l’Hexagone comme en témoignait un sondage publié en début d’année. De plus, les succès tangibles engrangés par la France dans le cadre de l’opération Barkhane, n’a pas enrayé la spirale jihadiste, ce qui fait accroitre le sentiment anti français dans la région.

Esso A.

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