Le président rwandais a nié l’implication de ses troupes dans les crimes commis dans l’est de la RDC durant les deux guerres du Congo. Ses propos au cours d’une interview accordée à RFI et France 24, ont provoqué le courroux des congolais qui dénoncent le mépris du président rwandais par rapport aux victimes de ces crimes.
Le 17 mai, le président rwandais a accordé un entretien à RFI et France 24 dans lequel il est revenu sur les deux guerres de la RDC, entre mars 1993 et juin 2003. Le rapport du projet Mapping (HAUT Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme) qui a enquêté sur les crimes commis durant ces guerres accuse beaucoup plus les troupes rwandaises et les rébellions qu’elles soutenaient parmi les nombreuses armées étrangères qui étaient partis à ce conflit.
Les déclarations de Paul Kagamé rejetant ces allégations de crime dans l’est de la RDC, ont provoqué une levée de bouclier en République Démocratique du Congo.
Paul Kagamé nie les crimes dans l’est de la RDC
« Il n’y a pas eu de crimes. Absolument pas. C’est la théorie du double génocide qui est à l’œuvre », affirme le président rwandais Paul Kagamé. Il rejette également les actions du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix ; pour la reconnaissance des crimes commis dans l’est de la RDC, y compris par les troupes rwandaises. Le chef de l’État rwandais accuse le prix Nobel de la paix congolais d’être « un outil de forces que l’on ne voit pas ». Il ajoute « on lui dit quoi dire ».
A propos du projet Mapping, Paul Kagamé trouve que « Le rapport du projet Mapping a été extrêmement controversé en RDC, il est hautement contesté par les gens, il a été très politisé. ». « Il y a d’autres rapports qui sont sorties qui disent tout à faire le contraire », renchérit-il.
Le président rejette également les accusations sur la présence de ses troupes dans l’est de la RDC alors que le rapport de janvier 2021 d’un groupe d’experts de l’ONU, affirme que l’armée rwandaise était présente en RDC entre fin 2019 et octobre 2020 et a mené « des opérations en violation du régime de sanctions » au Nord-Kivu.
Pour Kagamé, l’échec du règlement de la crise de l’est de la RDC est imputable en grande partie, à la mission de l’ONU, la MONUSCO, quand il leur lance « Qu’avez-vous fait là pendant 24 ans ? Vous y allez pour régler un problème, que s’est-il passé », aux micros de RFI et France 24, avant d’ajouter : « C’est un énorme échec, c’est peu de le dire ! ».
L’indignation des victimes des violences dans l’est de la RDC
Les réactions aux propos de Paul Kagamé, se sont multipliées en RDC. Tatiana Mukanire, victime d’exactions des rebelles pendant les guerres a confié « en écoutant les propos de Paul Kagame, j’ai ressenti du dégoût et une grande douleur ». Il faut préciser qu’elle est la coordinatrice nationale du mouvement national des survivantes des violences sexuelles, créé par le docteur Denis Mukwege, le prix Nobel de la paix congolais.
Pour Martin Fayulu, leader de la coalition de l’opposition Lamuka, « les Congolais se font narguer du fait de l’absence d’un leadership légitime, responsable, fort et de caractère à la tête du pays. Nous n’accepterons pas les propos négationnistes de qui que ce soit sur les crimes en RDC », a-t-il déclaré.
Et au mouvement citoyen la LUCHA d’ajouter « Pour Kagame aucun crime n’a été commis en RDC. Quel négationnisme ! Sans vérité et justice, les relations sincères sont impossibles. Nous attendons une protestation officielle de la RDC ».
Notons qu’en août 2020, Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda en République Démocratique du Congo, y avait déjà défrayé la chronique en tenant des propos négationnistes sur les massacres dans l’Est de la RDC.