Jeudi, dans le nord-est du Mali, six jeunes ont été tués dans une frappe aérienne par la force barkhane. Simples chasseurs selon des notables locaux, Djihadistes selon Barkhane, ces six jeunes comptaient parmi eux plusieurs mineurs.
Il s’agit là de la deuxième fois en quelques mois que la force antijihadiste française Barkhane est accusée d’avoir tué des civils.
Une bavure de la force Barkhane
Ces six jeunes sont de Talataye, située entre Gao et Ménaka, dans la région frontalière du Niger. Le maire de la localité Mohamed Assaleh Ahmad affirme à l’Agence France presse qu’il s’agissait « d’un groupe de jeunes, dont des mineurs, qui ont décidé de passer la journée en dehors du village de Talataye à bord de trois motos et armés d’un fusil de chasse, pour tirer des lapins et des perdrix » Quatre de ces jeunes avaient moins de 16 ans, deux entre 18 et 20 ans.
Le maire a ajouté que « Vers 10H30, des témoins alentour ont rapporté des explosions et affirment avoir vu des avions dans l’air. Impossible de savoir si c’est des avions français ou pas ».
« Après, quand l’alerte a couru dans le village, il a été décidé d’envoyer des gens et un véhicule sur place pour récupérer les six corps et les inhumer au cimetière de Talataye vers 18H00 » a-t-il dit.
Un conseiller communal a dit avoir vu un drone faire feu à l’ouest de Talataye. Deux autres notables s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité ont fait état d’une frappe aérienne sur la foi de témoignages.
Deuxième accusation de frappe
C’est la deuxième fois en quelques mois que la force Barkhane est mis en accusation par les populations locales.
En janvier déjà, des villageois et une association de défense de l’ethnie peule avaient fait état d’une frappe aérienne ayant atteint une fête de mariage et fait une vingtaine de morts. C’était dans le centre du Mali, dans le village de Bounti.
Les autorités françaises et maliennes ont toujours maintenu que les avions de chasse français avaient visé et éliminé des dizaines de jihadistes et qu’il n’y avait pas de mariage. Paris avait dénoncé une tentative de manipulation.
Parallèlement à cette nouvelle accusation, la force antijihadiste française Barkhane a, de son côté, publié dans la soirée un communiqué qui donnait une autre version des faits. En effet, « après une phase de renseignement et d’identification ayant permis de caractériser la présence et le regroupement de GAT (groupes armés terroristes), la force Barkhane a « procédé à une frappe neutralisant » un tel groupe.
La force Barkhane ne précise pas les pertes humaines, mais indique que « trois motos ont été détruites ». Les notables, eux, ont tous décrit les jeunes comme des chasseurs partis à moto.