mardi, décembre 3 2024

Tout comme plusieurs pays de la sous-région ouest africaine, la Côte d’Ivoire est confrontée aux agressions terroristes. Même si ces dernières années, ces attaques ont été rares, il n’en demeure pas moins que les groupes extrémistes présents sur le territoire continuent de mener en douce leurs opérations. Cette fois ci par le biais d’une infiltration de l’économie ivoirienne par le biais d’activités illicites.

Concrètement, les groupes extrémistes ont infiltré l’économie du bétail et l’orpaillage clandestin. Ainsi donc, à travers les territoires de la Côte d’Ivoire, les groupes terroristes parviennent à générer des ressources financières nécessaires pour leurs activités de nuisance dans le Sahel et dans la zone frontalière. Cette présence discrète voire invisible et surtout la collaboration avec les populations des localités sous leur influence n’est pas sans conséquence sur la stabilité sécuritaire en Cote d’Ivoire et dans la sous-région.

Une implication subtile des groupes extrémistes dans l’économie ivoirienne

Pour tirer leur subsistance dans l’économie du bétail et l’orpaillage clandestin, les groupes extrémistes ont fait preuve de stratégie et de méthodes. En clair, des actions ont été posées progressivement pour contraindre les populations à œuvrer dans le sens des intérêts de ces groupes extrémistes.

« Pour s’impliquer dans ces activités, ils se sont appuyés sur l’insécurité qui était générée du fait de leur présence, en proposant aux orpailleurs, en proposant aux acteurs de l’économie du bétail – notamment des éleveurs, des propriétaires de bétail, des commerçants de bétail – une offre de protection », a expliqué William Assanvo, chercheur principal au bureau régional de l’ISS en Afrique de l’Ouest.

De manière plus explicite, la protection offerte par les groupes extrémistes aux populations, vise à leur permettre de bénéficier d’une sorte de collaboration avec ces dernières. Cest aussi leur assurer de continuer à mener leur activité dans les zones où ils opéraient et qu’ils contrôlaient. Pendant ce temps, les groupes extrémistes peuvent mettre en place des réseaux de partenaires commerciaux pour pouvoir avoir du ravitaillement en vivres et en non vivres. En somme, une sorte de collaboration qui leur permettait d’investir des ressources financières.

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Des populations contraintes à collaborer

« Ils investissent de l’argent, mais ils espèrent en avoir en retour. Donc, ils investissent de l’argent en mettant des ressources à la disposition des propriétaires de commerçants du bétail pour acheter du bétail et pour le vendre. Et bien entendu, pour avoir le résultat de cette vente. Il y a aussi cette dimension de s’appuyer sur un réseau de partenaires commerciaux, qui leur apporte aussi du ravitaillement, qui leur apporte aussi des renseignements. Cela leur permet aussi d’avoir accès à des ressources dont ils ont besoin pour vivre dans la brousse, pour les vivres et les non vivres, les médicaments, le carburant », a fait savoir William Assanvo.

Du coté des populations, il est clair qu’il s’agit d’une menace des groupes extrémistes pour eux. « Ils s’associent de manière contrainte pour pouvoir continuer à mener leur activité, pouvoir sécuriser cette activité génératrice de revenus, pouvoir aussi d’une certaine manière se protéger, protéger leur famille, protéger leur bétail ». Toutefois, il est aussi remarqué qu’au-delà de la contrainte certaines personnes sont séduites par les discours véhiculés par ces groupes-là.

Donc, « le risque que la Côte d’Ivoire joue un rôle involontaire dans le financement du terrorisme est là. Le risque aussi est que, si jamais on coupe ces voies d’approvisionnement, que la Côte d’Ivoire ne représente plus un intérêt financier, donc qu’ils estiment que c’est une cible légitime à partir du moment où il n’y a pas un intérêt à pouvoir retirer des ressources financières de ce pays ».

 

Tony A.

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