Dans un discours télévisé, le général Abdourahamane Tiani, le nouveau chef d’État a promis une transition au Niger de trois ans maximums. Il a également dans son adresse annoncé la tenue prochaine d’un « dialogue national inclusif » dans un délai de 30 jours. Cette annonce, comme on pouvait s’y attendre a déplu a plus d’un et indique bel et bien la posture radicale de la junte au pouvoir, résolue à ne pas se soumettre aux exigences de la CEDEAO.
En évoquant une transition au Niger, voire sa feuille de route, tout porte à croire que le général Abdourahamane Tiani a fermé la porte à tout retour en arrière. Se pose donc désormais la question captivante de savoir si l’ère Mohamed Bazoum à la présidence a pris fin de manière définitive avec une transition au Niger ? Il y a-t-il encore des chances de le restaurer au pouvoir ? Pour rappel, le général Tiani, leader du CNSP (Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie) a renversé le président Bazoum le 26 juillet 2023.
Une transition au Niger déjà bien accueillie
Suite aux propos du général Abdourahamane Tiani, les réactions des populations n’ont pas tardé. Celles-ci vont plutôt dans le sens d’une acceptation populaire de sa personne comme l’homme de la situation. Ce soutien affiché à la junte symbolise d’une certaine manière l’acquiescement de la population aux idéaux des militaires au pouvoir. Ceci dit, il serait difficile de les voir confier à nouveau les rênes du pays au président déchu Bazoum.
Pour preuve, au lendemain du discours d’annonce de la transition au Niger, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans deux villes : Niamey et Agadez. Ceci pour afficher leur soutien aux généraux et en exigeant le départ de la France notamment mais aussi les États-Unis. « Ce qui nous intéresse, nous, c’est la souveraineté totale du peuple. Nous allons faire du cas par cas pour essayer de reconquérir qui nous a été confisquée pendant des années à travers l’invasion de notre pays par des soldats étrangers », a expliqué Ibrahim Namaiwa est l’un des organisateurs du rassemblement.
Lire aussi : INSTABILITÉ AU NIGER : ENTRE CACOPHONIE ET ENJEUX INTERNATIONAUX
Pure manipulation
« On sait comment on crée des manifestants. On prend des jeunes recrues dans la gendarmerie, dans la garde, dans l’armée… On les habille en civil, on fait remplir le stade. Puis, il y a d’autres personnes, les badauds qui ne comprennent pas grand-chose, qu’on mobilise. Et cela donne ce rassemblement. Mais ce n’est pas ça le Niger. Pendant qu’ils financent d’un côté une mobilisation de ce type, ils empêchent les citoyens normaux de se regrouper, à coups d’intimidation, à coups d’arrestations arbitraires », déplore Oumar Moussa, directeur adjoint du cabinet du président renversé Mohamed Bazoum.
Selon lui, ce passage de force à une transition au Niger est un manque criard d’élégance et de décence de la part des putschistes. C’est le signe d’une opposition des militaires au dialogue pour une sortie rapide de crise. Car le fait que l’annonce d’une transition au Niger ait été faite malgré la présence d’une délégation de la Cédéao le samedi 19 août, à Niamey, dans l’espoir d’une solution diplomatique avec la junte, en dit long.
Quand bien même que la carte de l’intervention militaire dans le pays reste sur la table. Elle demeure risquée pour la stabilité sous régionale. Ce qui confère un avantage considérable pour les militaires au pouvoir. Aussi, le nouvel homme fort du pays a affirmé que son pays se défendrait en cas d’intervention militaire. « Ni le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, ni le peuple nigérien ne veulent d’une guerre », « mais si une agression devait être entreprise, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il prévenu.
Tony A.