Après des mois passés hors de son pays, l’opposant Succès Masra s’est finalement décidé à faire son retour à Ndjamena. La date de ce retour est pour le moment fixée au plus tard sur le 20 octobre 2023, même si les conditions ne sont pas entièrement pas satisfaites avec le pouvoir en place. Il estime qu’un esprit de dialogue et une volonté d’aboutir à une réconciliation afin de faire avancer la transition doit primer.
Ce retour à Ndjamena se ferait-il sans entraves ? Ne se ferait-il pas arrêter ou se retrouverait sous le coup d’une poursuite judiciaire ? Il faut préciser que depuis la répression meurtrière des manifestations du 20 octobre 2022, le chef du parti Les Transformateurs était entré dans la clandestinité, avant de s’exiler à l’étranger. D’après un rapport rendu public le 26 avril 2023 par la Ligue tchadienne des droits de l’homme et l’Organisation mondiale contre la torture, sur les violences du « jeudi noir », 218 personnes auraient perdu la vie dans ces événements. Les populations manifestaient malgre1 les interdictions des autorités contre la prolongation de la transition et le maintien à sa tête de Mahamat Idriss Deby.
Un retour à Ndjamena quoi qu’il en coûte
Pour l’opposant Succès Masra, un retour à Ndjamena s’impose. Vu que la mission effectuée à l’extérieure est terminée, le combat devrait à présent se poursuivre au Tchad avec les autres militants. C’est aussi le moment propice à un an du souvenir du drame d’Octobre 2022 de pleurer les pertes en vie humaines.
« Nous avons perdu des membres de nos familles, des militants, des amis, des sympathisants, parmi les 300 personnes qui sont mortes. Ce sera l’occasion pour nous aussi de pouvoir faire le deuil que nous n’avions pas eu le temps de faire, parce que nous devions aller porter ce message », a-t-il expliqué. Le chef de l’opposition espère pouvoir compter sur un accord de réconciliation sur la base de la justice et l’égalité avec les militaires. Toutefois rien n’est encore garanti sur ce retour à Ndjamena.
Mais cela n’empêchera pas le leader du parti de revenir au pays. « Nous espérons pouvoir rentrer avec tous les accords possibles. Mais même s’il n’y avait pas d’accord au final, ce pays est le nôtre et le bouclier populaire ne peut être abandonné. Cette réconciliation nationale doit être capable de garantir la sécurité de tous. Aujourd’hui, je dirais que la balle est dans le camp de nos frères en face », a indiqué Succès Masra.
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Un état d‘esprit nouveau
Aussi a-t-il ajouté, ce retour à Ndjamena marque un nouveau tournant aussi bien pour le parti que pour sa personne. Une nouvelle approche va rythmer les actions de l’opposant tchadien dans les jours à venir. « Nous allons rentrer avec un état d’esprit nouveau, déterminés, afin de nous battre à vos côtés. Nous allons rentrer aussi avec des outils nouveaux, avec des boucliers nouveaux. Nous avons mis aussi en chantier un certain nombre d’actions, parce que nous sommes aussi déterminés à privilégier, malgré les massacres : un le dialogue, deux la réconciliation nationale », a souligné l’opposant.
Et d’exhorter, « nous devons être capables de créer les conditions qui permettent que, demain, le choix du peuple sorti des urnes soit le choix qui s’impose. J’espère donc que tout le monde mettra toutes les énergies pour que la réconciliation soit le ciment de notre peuple. Et si cette option devait échouer, ça n’aura pas été le résultat de nos actions à nous, mais ça aura été choisi par ceux en face de nous. Nous allons tout faire pour éviter cela ».
Tony A.