mardi, décembre 3 2024

Six chefs d’Etats et un chef de gouvernement africains plaident pour une relance durable de l’Afrique à travers une tribune publiée sur le site de France info. C’était en marge du sommet de Paris, pour le financement des économies africaines, confrontées à la pandémie de Covid-19 et à plusieurs milliards de dollars de dette.

L’occasion s’y prêtant, six chefs d’Etats africains et un chef de gouvernement, ont profité du sommet d’Emmanuel Macron pour signer une tribune attirant l’attention du monde sur les risques accrus pour le continent africain ; et pour appeler la France, le G7 et le G20 à les aider pour assurer une relance durable de l’Afrique.

Les signataires de la tribune ont souhaité que le sommet de Macron « pour discuter de la réponse mondiale à la crise et des impacts sur les pays africains à revenu faible et intermédiaire » soit « l’occasion de transformer le financement des économies africaines pour nous permettre d’investir dans une relance soutenable en Afrique ».

La relance durable de l’Afrique menacée par des risques accrus

En effet le FMI a souligné le risque de divergence dans la reprise de la croissance au niveau mondial, un risque aggravé pour l’Afrique par la résurgence de la pandémie de Covid-19 en Inde. Cette situation induit la suspension des importations alimentaires en Afrique (l’Inde fournit 11% des besoins alimentaires du continent), mais aussi le gel des exportations de vaccin (l’Inde est le plus gros producteur mondial de vaccin en nombre de doses ,70 millions de doses par mois en moyenne, selon le journal indépendant en ligne The Wire).

La conséquence va être une grimpée en flèche des prix des denrées alimentaires en Afrique et une pénurie de vaccins, surtout AstraZeneca qui va être préjudiciable au continent. « La pénurie continue de ressources pour répondre à la crise » ne va pas non plus dans le sens d’une relance durable de l’Afrique.

Toutefois, les « liquidités supplémentaires offertes par l’initiative de suspension du service de la dette du FMI, ou par l’accès au marché », ont permis à l’Afrique de répondre à la crise en finançant des innovations. Notamment au Kenya, où grâce aux technologies numériques, le pays a « pu tracer les cas contacts et piloter ses dépenses de soutien à l’économie ». Un autre exemple, « le programme de protection sociale -NOVISSI- du Togo utilise les paiements mobiles et les transferts électroniques de fonds pour soutenir les ménages vulnérables et les travailleurs du secteur informel ».

« Au Sénégal, le robot -Doctor Car- a été déployé pour réduire le risque de contamination des patients aux soignants. Au Nigeria, un jeune étudiant en ingénierie a créé un système de ventilateur portable pour assainir l’air intérieur. Au Burkina Faso, des transferts en ligne ont permis d’aider les femmes et les groupes vulnérables face à la crise ».

Aussi, une relance durable de l’Afrique est tributaire de l’engagement de la communauté internationale à « faire preuve d’audace et de courage et adopter des instruments novateurs qui contribueront non seulement à uniformiser les règles du jeu pour les économies africaines en leur donnant accès au marché, mais aussi à fournir les liquidités indispensables à la relance.

Financer la relance durable de l’Afrique

Selon la tribune de présidents africains, « l’émission et la redistribution de DTS à hauteur de 650 milliards de dollars doit permettre aux gouvernements africains d’obtenir des financements beaucoup plus avantageux pour la relance et le développement à long terme de leurs économies ». Ils proposent donc « que soient réaffectés aux pays à revenu faible ou intermédiaire au moins 25 % des DTS, soit 162 milliards de dollars, pour stimuler la relance post-Covid et lutter contre la crise climatique » suivant une répartition précise.

Si l’on en croit les dirigeants africains, « ces mesures permettront (entre autres) de décaisser davantage de prêts à taux zéro et de financements concessionnels pour les pays à faible revenu – dont 36 pays africains – qui ont désespérément besoin de ces ressources pour faire face à la crise, et d’accélérer le déploiement des vaccins sur tout le continent pour préserver des vies et des moyens de subsistance », nécessaires à une relance durable de l’Afrique.

De plus « si les États africains doivent supporter des taux d’intérêt plus élevés pour placer leur dette souveraine sur les marchés, c’est en partie à cause de leurs fondamentaux économiques, mais aussi du fait d’une prime d’illiquidité qui constitue une forme de distorsion du marché ». Les chefs d’Etats africains appellent donc à uniformiser les règles du jeu en résolvant cette distorsion. « La crise présente une opportunité de créer un marché repo pour la dette africaine, par le biais d’une facilité de liquidité et de durabilité soutenue par les DTS. Ceci permettrait aux pays africains de s’engager davantage dans l’émission d’obligations vertes ».

En appelant la France, le G7 et le G20 à travailler avec eux « pour construire des institutions permettant d’assurer » une relance durable de l’Afrique, les signataires de la tribune ont exprimé leur « solidarité envers l’Inde en ce moment de grande incertitude » et réaffirmé « que personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas ».

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