Le sommet de la CEDEAO réuni pour la deuxième fois depuis le coup d’État au Mali les chefs d’Etats. Il se tient ce vendredi 28 août. Dès le renversement du président IBK, la CEDEAO a adopté une position très ferme. Au départ, il était question d’un rétablissement d’IBK dans ses fonctions. La décision de fermeture des frontières a été suivie des sanctions économiques. Mais depuis, la vision pragmatique dominait. IBK ne sera pas rétabli dans ses fonctions, mais la junte a accepté de le libérer. Ce qui a été effectif depuis hier. La réunion de ce jour constitue donc un sommet de grands enjeux.
Les négociations entre les militaires et la Cédéao pour mettre en place le gouvernement intérimaire sont au point mort. A ce sommet de la CEDEAO, l’organisation panafricaine est prête à consentir à une transition d’un an maximum.
En attendant le communiqué final issu de la conférence des chefs d’Etats et de gouvernement, voici le tableau des points qui seront abordés. Il s’agit d’une part, de la durée ainsi que de l’architecture du gouvernement de transition, et d’autre part des sanctions émises.
La question de la durée et de l’architecture de la transition au cœur des débats du sommet de la CEDEAO
Pour ce qui concerne la durée de la transition, les avis sont partagés jusqu’aujourd’hui. Au départ, la junte au pouvoir aurait proposé trois ans de transition. Certaines informations faisaient même allusion à une transition militaire. Avec l’évolution des négociations, on retenait une proposition de deux ans de transition. Ce qui n’était pas acceptée par la médiation de la CEDEAO. Pour la CEDEAO, la transition ne doit pas excéder douze mois.
C’est donc dire que pour la médiation de la CEDEAO, trois ou deux ans c’est trop. Comme l’avait si bien souligné le ministre des affaires étrangères du Niger, il faut une « transition courte ».
A en croire, le porte-parole de la junte, aucune décision n’avait été prise concernant la formation et la direction du gouvernement de transition. Il a fait savoir que « toutes ces questions seront débattues entre Maliens ». Après le départ de la délégation de la CEDEAO, le CNSP a multiplié les consultations. Dans la foulée, le président déchu IBK a été libéré hier comme promis. Mais pour la CEDEAO, il ne s’agira pas d’un militaire en fonction à la tête de la transition.
Elle aurait d’ailleurs fait savoir à la junte sa position sur le président de la transition. Un civil ou militaire à la retraite, selon la CEDEAO. Cette réunion constitue donc une étape essentielle pour situer l’opinion sur la durée et la présidence de la transition. Le nom de celui qui dirigera le futur gouvernement intérimaire sera aussi certainement débattu ce vendredi.
La question de la levée des sanctions contre le Mali
Depuis le coup d’Etat au Mali, les multiples condamnations quasi unanimes n’ont pas suffi. De véritables sanctions économiques ont été également prises par la CEDEAO.
L’instance suspend le Mali de tous ses organes de décision « avec effet immédiat ». Elle décide de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que de l’arrêt de tous les flux. « Les transactions économiques, commerciales et financières entre les autres pays membres de la CEDEAO et le Mali » ont été arrêtées.
Tous les partenaires ont été invités à faire de même. Enfin, la CEDEAO a exigé l’application immédiate d’un ensemble de sanctions contre tous les putschistes et leurs partenaires et collaborateurs.
Si l’on se réfère à la mise en œuvre des sanctions économiques, on se rend compte que c’est la population civile qui en pâtit. Ce qui justifie le « cri du cœur humanitaire » d’Elie Kamate, président du Fongim, Forum des ONG. Il s’exclamait « Ne pas sanctionner la population civile ».
Les consultations engagées par le CNSP rassureraient-elles la CEDEAO pour une levée des sanctions ? Ce qui est sûr, les sanctions économiques seront au centre des discussions.
Si aucune entente formelle n’a donc été trouvée, les membres du CNSP espèrent toutefois la levée des sanctions. Une décision que ne pouvait toutefois pas prendre la mission de médiation emmenée par Goodluck Jonathan
Leur maintien ou leur assouplissement dépend de l’issue de ce sommet de la Cédéao de ce jour. Cette décision « est entre les mains des chefs d’État de la Cédéao », a rappelé Goodluck Jonathan, le médiateur.
Dans la foulée, le colonel Malick Diaw s’est rendu jeudi à Ouagadougou et à Niamey pour des rencontres de haut niveau.