Cinq jours après avoir renversé le président Ali Bongo Ondimba, le général Oligui Nguema se tient face au peuple, ce lundi 04 septembre 2023. Il etait question pour lui de prêter serment en tant que nouveau président de la transition au Gabon. Il devient donc officiellement le nouvel homme fort du pays conformément à la « charte de la transition » en vigueur dans le pays. Même si pour l’instant son contenu est méconnu.
« Je jure devant Dieu et le peuple gabonais de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la charte de la transition et la loi », a déclaré le général Oligui Nguema, qui a également affirmé qu’il préservera « les acquis de la démocratie ».
Le général Oligui Nguema pour le maintien des Bongo
Pour bon nombre d’observateurs de la situation politique au Gabon, rien ne rassure encore pour le moment sur la volonté du général Oligui Nguema à apporter le vent du changement tant espéré par les gabonais. C’est à dire, qu’il n’y a aucune garantie que sa prise du pouvoir débouche sur la rupture politique intimement désirée par la majorité des populations, notamment les jeunes avec le clan Bongo.
« Même si le fils et conseiller d’Ali Bongo le plus en vue, Noureddin Bongo, a été de très vite arrêté et qu’il ne prendra clairement pas la succession, le nouvel homme fort de Libreville, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, n’est pas si éloigné de la grande famille qui gouverne le pays depuis plus de cinquante ans », explique Gilles Yabi, responsable du Think tank Wathi, en ce qui concerne le général Oligui.
« J’ai un peu peur. Je voulais normalement qu’on cède le pouvoir à Ondo Ossa. J’aurais voulu que le verdict soit respecté. En gros, nous, on ne voulait pas ça, mais on est obligé d’accepter, parce que ce sont des militaires et on est obligé d’accepter ce qu’ils ont décidé », s’est exprimé Joris, un citoyen encore craintif sur les intentions des militaires putschistes. Il craint que le pays sous le général Oligui Nguema ne soit que la suite d’Ali Bongo.
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Une victoire toujours réclamée
De son coté, Ondo Ossa, candidat de l’opposition lors des élections générales du 26 août 2023 ne cesse de revendiquer sa victoire qui lui a été arrachée par les putschistes. Il estime que la chute du pouvoir d’Ali Bongo, n’est pas ce changement de pouvoir tant espéré par les gabonais.
« Ce n’est pas un coup d’État, c’est une révolution de palais. Oligui Nguema est le cousin d’Ali Bongo, derrière Oligui Nguema il y a Pascaline Bongo, donc les Bongo ont trouvé un moyen de contourner, c’est l’imposture perpétuelle. Les Bongo ne perdent rien. Ils se remettent en selle pour renouveler le système Bongo-PDG [Parti démocratique gabonais, NDLR] à travers Oligui Nguema », a-t-il dénoncé.
Et d’insister, « le peuple ne veut plus des Bongo et soixante ans de Bongo, ça suffit. C’est ce que dit le peuple, et c’est ce que j’ai relayé. De ce point de vue, qu’on amène Oligui Nguema, qui est en fait un Bongo, prendre le relais, ça ne change rien effectivement à la situation du peuple. Le peuple continuera de revendiquer, et de faire en sorte que les Bongo soient écartés du pouvoir ».
Tony A.