Complicité de la Centrafrique : la nouvelle trouvaille dans un conflit à distance entre superpuissances
La complicité de la Centrafrique a obligé la France à suspendre sa coopération militaire ainsi que son aide budgétaire au gouvernement centrafricain. C’est du moins ce dont l’accuse le ministère français des armées dans ce qu’il appelle une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie. En d’autres mots, la Centrafrique est accusée de bénéficier du soutien russe.
C’est ce lundi 07 juin que la nouvelle, portée par le ministère français des armées, est tombée. La France a décidé de suspendre sa coopération militaire et de geler son aide budgétaire à la Centrafrique.
La France voit une complicité de la Centrafrique
« A plusieurs reprises, les autorités centrafricaines ont pris des engagements qu’elles n’ont pas tenus, tant sur le plan politique envers l’opposition que sur le comportement vis-à-vis de la France, qui est la cible d’une campagne de désinformation massive en RCA », a affirmé Paris. « Les Russes n’y sont pas pour rien, mais les Centrafricains sont au mieux complices de cette campagne ».
C’est en ces mots que la France répond à l’accaparement de ses intérêts par la Russie. La complicité de la Centrafrique dans la campagne menée contre la France. Mais l’arrivée de la Russie en Centrafrique ne s’est pas faite ex nihilo. Qu’il nous en souvienne, la France intervenait en 2013 par le biais de l’opération Sangaris pour faire cesser les violences en Centrafrique. Le succès annoncé de cette mission n’a cependant pas mis fin définitivement aux conflits. Il a fallu l’intervention de la Russie, des années plus tard, pour que la situation se calme de façon pérenne.
Et comme le reconnaissait, Roland Marchal, spécialiste de la Centrafrique au CERI de Sciences-Po Paris et chargé de recherche au CNRS, « les conditions de l’arrivée des Russes en Centrafrique sont connues. Elles sont liées aux sanctions onusiennes sur la Centrafrique qui interdit l’achat d’armement. La réalité, c’est que les groupes armés étaient capables de s’approvisionner en armes via le marché d’armes du Darfour. On a eu également des armes et des munitions qui provenaient du Tchad. Et seul le gouvernement face aux groupes armés n’avait pas la possibilité de s’armer. On a voulu réformer l’armée et l’appareil sécuritaire sans donner la possibilité à cette armée nationale de réellement s’équiper. Cela a tourné au ridicule ». Et tout ceci au nez et à la barbe de la France, censée défendre son pré carré.
La Russie a vu une occasion de faire valoir ses intérêts sur le continent en contrant la France dans la région. La Centrafrique, elle, a vu une occasion de sortir d’un conflit qui n’a fait que trop durer. Et si complicité de la Centrafrique il y a, elle n’est que de bonne guerre. Aujourd’hui, elle est prise en étau entre deux puissances qui s’envoient des pics par personne interposée.
Une rupture qui n’en est pas vraiment une
Malgré la complicité de la Centrafrique tant décriée, La France, ancienne puissance coloniale, continue de contribuer à hauteur d’une centaine de militaires à la mission européenne EUTM-RCA, qui en mobilise près de 200 pour former les Faca. Sont également maintenus la dizaine de militaires participant à la mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique (Minusca), qui y dispose de 12 000 Casques bleus.
Cette annonce de la France peut être compris comme une réponse à la campagne menée contre elle par la Russie. On ne peut y voir une réelle volonté de rompre définitivement avec ce pays africain. Les français craignent que la Russie ne leur ravisse définitivement le pays et mènent ainsi des actions pour éviter cela.
Cette sanction n’est que voilée car comme le disait Roland Marchal, un homme semble être le grand gagnant de cette arrivée russe dans le paysage politique centrafricain, le président sortant Faustin-Archange Touadéra. « Les Français qui ont peur de cette présence russe soutiennent Faustin-Archange Touadéra en espérant que celui-ci se tourne à nouveau vers eux ».
Kylian