Les affrontements en cours entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) ont réduit la présence de Wagner au Soudan. Toutefois la societé compte bien poursuivre ses activités en Afrique, indique l’AFP. Cette société paramilitaire a été fondée par Evguéni Prigojine, un fidèle du président russe Vladimir Poutine.
Le groupe militaire privé russe Wagner s’est implanté au Soudan depuis 2017 et bénéficie d’un accès privilégié aux mines d’or du pays. Depuis le début des combats, le groupe paramilitaire russe se fait discret. Nul doute qu’il entend sortir sans dommage du conflit qui oppose les deux militaires rivaux.
Des relations ambivalentes avec le Soudan
Depuis la chute de Omar el-Béchir, les relations de Khartoum avec Moscou ont connu des hauts et des bas. Cependant, après l’arrivée au pouvoir en 2021 du général Abdel Fattah al-Burhane, les paramilitaires des FRS, dirigées par Mohammed Hamdane Daglo dit « Hemedti », ont revendiqué leur proximité avec les Russes.
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La société Wagner opère au Soudan via sa filiale Meroe Gold, qui travaille avec la société Aswar, contrôlée par les renseignements militaires soudanais. Le Soudan est un pays riche en métaux précieux, mais la plupart de ces ressources sont exportées illégalement.
Wagner a réussi à rester relativement opportuniste au Soudan plutôt que d’être loyal à une faction particulière, comme cela a été le cas au Mali ou en République centrafricaine. En 2018, la société a été exemptée de la taxe de 30% imposée aux sociétés aurifères par la loi soudanaise.
Les ambitions russes en Afrique
La situation actuelle du Soudan, sous le coup de sanctions et d’un embargo sur les armes imposé par l’ONU depuis 2005 en raison du conflit sanglant du Darfour (ouest), est propice aux accords clandestins. Les activités de Wagner au Soudan ont été sanctionnées par le Trésor américain en 2020, qui a également sanctionné les responsables de la société. Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin déclarait à l’époque que Wagner exploite « les ressources naturelles du Soudan pour leur gain personnel et pour répandre leur influence ».
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En plus de l’or, Wagner étend également son influence en menant des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux via ses « fermes à trolls ». Cette pratique a été mise en évidence dans un rapport récent de l’ONG Global initiative against transnational organized crime. « Les campagnes de désinformation visant les utilisateurs soudanais des réseaux sociaux font partie intégrante de leurs tactiques depuis 2017 », pouvait-o, lire dans ce dernier.
Quoi qu’il en soit, Wagner « va probablement chercher des moyens de sortir de la tempête avec ses intérêts intacts », souligne à l’AFP Catrina Doxee, du think-tank américain CSIS.
Steven E. Wilson