Même si elle s’est pour le moment soldée par une condamnation, l’affaire Reckya Madougou continue de retenir l’attention. Les appels à la libération de l’opposante béninoise se multiplient çà et là. Mais des éventuelles pressions de la part de la France sur ce dossier sont très mal perçues par le gouvernement béninois.
Selon les autorités béninoises, il y aurait un acte d’ingérence. Ce qui ne saurait être toléré de quelque manière que ce soit. Soulignons que l’affaire Reckya Madougou tire sa source de l’arrestation le mercredi 3 mars à Porto-Novo de l’opposante. Elle est accusée d’avoir participé à un projet d’assassinats politiques visant à perturber la présidentielle béninoise du 11 avril 2021. Après verdict, elle a été condamnée à 20 ans de prison. Sa condamnation a suscité de vives réactions de contestations dans les médias internationaux.
Une forte pression de la France dans l’affaire Reckya Madougou
Lors des travaux de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le mardi 11 janvier 2022, l’affaire Reckya Madougou a été au cœur des échanges. Interpellé sur le sujet par le député Julien Lafferière, le ministre Jean-Yves Le Drian n’a pas caché les actions de la France visant à faire libérer la femme politique béninoise.
Pour contraindre à cette libération des pressions ont été exercées contre les autorités béninoises. « Je suis comme vous préoccupé de la situation de Madame Madougou. J’ai eu l’occasion de m’exprimer sur le sujet et de faire pression fermement auprès des autorités béninoises », a fait savoir Jean-Yves Le Drian. De surcroit, cette nécessité a été rappelée au président Talon lors de sa visite à Paris en novembre dernier.
Une nette ingérence de la France
D’après le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbedji, sur l’affaire Reckya Madougou le bouchon a été poussé trop loin par la France. Cette tendance de la France à se mêler des affaires internes des Etats devient trop lassante. Alors elle devrait apprendre à respecter la souveraineté des Etats.
« Depuis que l’ancien président français a été condamné par deux fois et que certains de ses soutiens ont même douté de l’impartialité de la justice, je n’ai pas noté que le Bénin ait fait pression sur la France pour demander allègement ou l’annulation des peines de Monsieur Nicolas Sarkozy», a Wilfried Léandre Houngbedji.
Du côté de l’opposition, la perception de l’affaire Reckya Madougou reste inchangée. Selon elle, le gouvernement instrumentalise la lutte contre le terrorisme pour procéder à une arrestation politique et dénuée de réels fondements. En clair, la justice béninoise manque d’indépendance et le pouvoir lui prend un virage plus autoritaire que démocratique.
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