La transition soudanaise va-t-elle pouvoir aboutir à un régime civil à part entière ? La question reste très forte dans les esprits à la suite de l’accord Burhane-Hamdok. Les deux hommes ont pu, dimanche dernier, trouver un terrain d’entente devant permettre de remettre le pays dans le droit chemin.
Mais cette nouvelle donne ne répond pas du tout aux attentes des soudanais qui contestent fortement le putsch du 25 octobre du général Al-Burhane. Le ralliement soudain d’Abdallah Hamdok à celui qui l’a arrêté y a quelques semaines est très déprécié. Pour le moment plusieurs paramètres et contours de l’accord Burhane-Hamdok sont encore méconnus. Seul point positif, l’ancien premier ministre Hamdok a été rétabli dans ses fonctions. Plusieurs de ses collaborateurs emprisonnés pourraient également recouvrer leur liberté dans les prochains jours.
L’accord Burhane-Hamdok, un suicide politique
Selon bon nombre d’analystes politiques, l’accord Burhane-Hamdok bien que raisonnable a est une erreur politique. Car à la suite de son acte, Abdallah Hamdok a perdu la confiance et sympathie de la rue qui voyait en lui un espoir pour le pays. Il se retrouve donc grand perdant de cet accord. Son sacrifice pour stopper un bain de sang au Soudan n’a pas produit les effets attendus.
« Il a perdu beaucoup de crédibilité et la confiance de la rue. Il est maintenant vu comme un homme de compromis, alors qu’il était respecté et loué par les manifestants justement pour sa capacité à dire non aux militaires », a expliqué Kholood Khair, analyste du think tank soudanais Strategie Partners,
Pour les pro-civils, l’accord Burhane-Hamdok est vécu comme une trahison qui sera difficile à pardonner. « On ne s’attendait pas à ça de la part de Hamdok. Avant, il a toujours été de notre côté, il portait nos revendications. Mais aujourd’hui, c’est un retour en arrière. Il s’est aligné sur l’agenda d’al-Burhan, il a laissé derrière lui les demandes de la rue », a laissé entendre un manifestant.
Un rejet catégorique et des conditions fermes
Les manifestants anti-putsch estiment par ailleurs qu’il est inconcevable qu’une négociation ou partenariat soit signé avec les putschistes. Même si cela devait être le cas, plusieurs conditions doivent être au préalable remplies. Fondamentalement, les généraux Abdel Fattah al-Burhan et Hemedti doivent quitter leur fonction. C’est seulement ainsi qu’un retour à une transition civilo-militaire ne soit envisageable.
Outre cela, le général Al-Burhane devrait également accepter de répondre de ses actes face à la justice. Sans ces acquis l’accord Burhane-Hamdok est sans effets voire nul à leurs yeux. Il n’engage que ses signataires.
« Nous rejetons complètement cet accord, car nous n’avons plus aucune confiance dans l’armée. Nous avons confiance dans la rue ici, devant vous, qui souhaite un gouvernement 100% civil. Ce n’est pas Hamdok, Burhane ou Hemetti qui la feront changer d’avis », a précisé un autre manifestant. La mobilisation reste encore forte pour faire tomber les putschistes.
Dans cette atmosphère encore crispé, d’Abdallah Hamdok pourrait-il parvenir à restaurer l’équilibre ? Tout porte à croire que ses chances de réussir son encore minces. Il pourrait au-delà de l’accord existant subir les assauts ou envahissement des militaires.
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