Depuis quelques jours malgré ses efforts et son important dispositif sécuritaire, la politique de la France au Sahel est fortement décriée. Son bras de fer soutenu contre les nouvelles autorités maliennes en raison de l’affaire Wagner semble l’enfoncer davantage et la contraint à jouer les seconds rôles.
Cette descente aux enfers serait apparemment liée à des failles dans sa politique. Depuis maintenant quelques années, la région du Sahel est confrontée à une crise sécuritaire sans précédent. Celle-ci engendre des conséquences multidimensionnelles qui empêchent le développement et la vie paisible des citoyens de ces Etats. Sont principalement concernés par ces instabilités les pays de la zone des trois frontières.
Des méprises dans la politique de la France au Sahel
D’après Laurent Duarte, le secrétaire exécutif du collectif « Tournons la Page », l’inefficacité de la politique de la France au Sahel serait liée à plusieurs facteurs Trois pistes majeures sont principalement évoquées. Il s’agit notamment de la négligence des inégalités sociales ainsi que de l’impact de la crise sécuritaire sur les populations civiles.
Un second angle peu considéré dans la politique de la France au Sahel, est l’absence de véritables discours et d’actions sur la question des droits humains. Tertio, la position ambiguë de la France sur les questions liées à la bonne gouvernance dans certains de ces pays a également laissé des sentiments anti-français.
« On le voit bien aujourd’hui, avec un discours très ambivalent entre le Mali et le Tchad : au Mali, on critique un coup d’État, au Tchad, on est d’accord… Ce deux poids, deux mesures, est vraiment un angle mort également de la position de la France au Sahel », a indiqué Laurent Duarte. Alors, il est tout à fait normal qu’elle soit sérieusement critiquée aujourd’hui.
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Un développement au ralenti
Les sursauts sécuritaires au Sahel ces dernières années ont surtout engendré d’énormes carences en matière de développement. Par conséquent, les actions de développement de ces pays tournent fortement au ralenti. Cette situation oblige une catégorie de la population à trouver secours ou solution auprès des groupes djihadistes qu’ils intègrent sans hésiter.
Pire encore, la majorité des actions gouvernementales sont plus axées à préserver l’intégrité territoriale ou à assurer la protection des populations. Ceci au détriment d’une politique sérieuse de développement. « Les États sahéliens, qui devraient être les premiers à faire du développement de leur pays une priorité, sont aujourd’hui incapables de le faire, notamment parce que cette crise sécuritaire pèse lourdement sur le budget de l’État », a expliqué Laurent Duarte.
C’est donc sur ces points cruciaux que l’intervention de la France et autres partenaires de ces pays du Sahel est fortement attendue. Un respect des sociétés sahéliennes et plus largement africaines dans leur complexité et surtout dans leur capacité à trouver des solutions par elles-mêmes est aussi espéré que la diplomatie française et Emmanuel Macron.
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El Professor
Mot clé : France au Sahel