Ces derniers jours, les rapports Mali-France ne sont pas au mieux. Les tensions entre les deux pays s’intensifient de plus belle. Au cœur de ce duel, les discussions entamées par les nouvelles autorités maliennes avec la société privée russe Wagner. Les récents virulents propos du président français Macron à l’égard de la junte au pouvoir n’arrangent rien.
Apparemment, les relations Mali-France seraient en train de prendre un nouveau tournant. Une perte de chasse gardée qui oblige Paris à durcir le ton face à son ancienne colonie. Après les clarifications ou menaces de retrait de la France du Sahel, c’est au tour du président français Emmanuel Macron de sortir de ses gonds.
Mali-France, la dégringolade
Hier, lors du diner de clôture de la saison Africa 2020 à l’Elysée, le président français, Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots. A l’entendre, les autorités de la transition n’ont aucun pouvoir démocratiquement reconnu. La prétendue légitimité dont elles disposent ne serait que fausse apparence. Alors elles devraient se contenir dans leurs actions ou réactions.
« Je rappelle que le Premier ministre malien est l’enfant de deux coups d’État, si je puis dire. Puisqu’il y a eu un coup d’État en août 2020 et un coup d’État dans le coup d’État. Donc, la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle », a indiqué le président français. Sont principalement visés par ses propos, le président de la transition, le Colonel Assimi Goita et son premier ministre Choguel Maïga. Ce dernier avait clamé à la tribune de l’ONU, l’abandon du Mali par la France.
Ces mots n’ont pas du tout été appréciés par le président français qui s’est vu dans l’obligation de répliquer. « Ce qu’a dit le Premier ministre malien est inadmissible. C’est une honte. Et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement », a précisé Emmanuel Macron. Ce qui prouve à suffisance que les relations Mali-France se dégradent jours après jours.
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La politique France-Afrique, un grand paradoxe
Au-delà de la guerre des mots entre Mali-France, il est lieu de s’interroger. Pourquoi cette contestation de la légitimité des nouvelles autorités de la transition malienne par la France? Pourquoi en ce moment précis ? Il est évident de remarquer que le positionnement de la France sur certaines questions clés relève de ses relations ou intérêts envers le pays concerné.
A l’évidence, après la mort de l’ancien président tchadien Idriss Déby Itno, la France n’a pas hésité à apporter tout son soutien au régime militaire en place. Ceci bien que tout indiquerait que ce soit un coup d’Etat constitutionnel. Par ailleurs, le fils Déby a même été reçu à l’Elysée. Malheureusement, dans des conditions identiques, la légitimité des autorités de la transition malienne est, quant à elle aujourd’hui, contestée.
Jusqu’où la France serait prête à aller pour préserver ses intérêts à tout prix au Mali et sur tout le continent africain ? Le Duel Mali-France annonce-t-il le déclin de Paris en termes de diplomatie d’Influence en Afrique ?
Un respect des engagements
Dans son intervention, Emmanuel Macron a aussi convié la junte au pouvoir à tenir coûte que coûte ses engagements. C’est-à-dire une organisation très rapide des prochaines élections. « Ce que j’attends, c’est que le processus électoral soit fait, que ceux qui sont là par le fruit d’un coup d’État respectent la vie démocratique et arrêtent de mettre en prison les dirigeants politiques », interpelle Emmanuel Macron.
Et de poursuivre « nous allons continuer les projets de développement au Mali aux côtés de la communauté internationale. Mais ce travail ne peut pas être fait si les dirigeants ne prennent pas leurs responsabilités », a-t-il souligné. Quoi qu’il en soit, le bras de fer Mali-France se poursuit.
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El Professor
Mot Clé : Mali-France