Depuis l’éclaboussement de l’affaire Wagner y a quelques jours, les nouvelles autorités maliennes ne cessent de recevoir d’énormes pressions venant d’horizons divers. C’est le cas notamment de la France, grand partenaire du Mali. L’affaire Wagner inquiète également l’Allemagne, les États-Unis, la CEDEAO et même l’UE qui s’est aussi récemment prononcée sur la question.
La junte au pouvoir va-t-elle renoncer à conclure cet accord avec la société russe Wagner ? Que craint tant la France ainsi que les autres partenaires du Mali ? Quels enjeux réels se cachent derrière l’affaire Wagner ? Pour le moment, le bras de fer se poursuit. Les maliens pour leur part se montrent favorables à la signature de cet accord de coopération militaire avec Wagner. Ce qui réconforte assurément le Colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne dans ses positions.
Affaire Wagner, de grands risques encourus au Sahel
L’affaire Wagner n’est pas à prendre à la légère, tente de faire comprendre les opposants à la présence des mercenaires russes au Sahel. Car, selon eux, la stabilité de toute la région du Sahel en dépend. Cette arrivée possible de Wagner risquerait de saper davantage les efforts consentis pour assurer la sécurité des populations dans cette région de l’Afrique.
De plus, toute la pression exercée n’a pour but que de faire prendre conscience à Bamako des risques qu’il fait courir à ses populations et à toute la région du Sahel. « Nous savons bien comment ce groupe se comporte dans différentes parties du monde, cela affecterait sérieusement la relation entre l’UE et le Mali », a déclaré Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.
« La présence de mercenaires russes est une ligne rouge pour Paris, et si la junte fait fi de ces avertissements, cela aurait de lourdes conséquences », avait souligné Florence Parly, la ministre française des armées. Un autre diplomate abonde dans le même sens. « Notre ton vis-à-vis des dirigeants maliens est clair nous leur disons : « réfléchissez bien à ce que vous faites ».
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Des intérêts cachés
Au-delà des avertissements et de la prétendue lutte contre le terrorisme, l’affaire Wagner ébranle voire menace bon nombre d’intérêts de plusieurs pays alliés du Mali. Sont donc plutôt convoitées les ressources minières dont dispose ce pays. Il s’agit notamment de l’or, du sel, du calcaire ou encore pétrole. Certaines de ces ressources minières sont encore inexploitées et font donc du Mali, un pays très prisé.
Outre cela, la position géographique du Mali dans la région du Sahel s’avère très stratégique pour la France. Préserver la paix au Mali ainsi que dans les alentours est nettement bénéfique pour la France qui s’en sert pour protéger les gisements d’uranium au Niger. Même crédo auprès des firmes multinationales, qui elles aussi tentent de conserver leurs parts de marché dans la zone du Sahel.
Au constat de ces gains multiples à ne surtout pas perdre, il est évident que l’arrivée de Wagner au Mali fasse tant jazzer. Ainsi, à l’allure où vont les choses, on se croirait à un remake de la guerre froide. Car, on remarque à nouveau la Russie qui se réengage en Afrique et fait perdre à la France des points en termes d’influence.
Tout compte fait, ces tractations autour de l’affaire Wagner constituent une excellente opportunité pour les autorités maliennes de s’aligner dans une posture de grand défenseur de la Nation. En clair une stratégie qui leur permet d’acquérir une plus grande légitimité auprès des populations.
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