Comme pressenti, Choguel Maïga est nommé premier ministre de la transition au Mali. Il est chargé de former le gouvernement. C’est le couronnement d’un parcours de politicien parsemé d’embûches pour cet homme de 63 ans.
A peine investi comme président de la transition, le Colonel Assimi Goita a confirmé celui que tout le monde attendait au poste de premier ministre.
Choguel Maiga, l’homme politique
Choguel Maiga a tâté, jeune, le terrain politique, notamment au sein de l’Union nationale des jeunes du Mali, association phagocytée par le parti unique de l’époque de Moussa Traoré. De la ténacité, cet ingénieur titulaire d’un doctorat en télécommunications en a fait preuve tout au long de son cursus scolaire, universitaire mais aussi politique.
Choguel Maïga devient en 1997, président du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) qui se réclame de l’ex-parti unique balayé par une insurrection populaire. Il est considéré comme un « pestiféré » par toute la classe politique malienne. Il est quasiment seul contre tous, boudé par une grande partie de la presse, selon le site de Rfi.
En 1997, il boycotte les élections présidentielles et législatives. En 2002, pour la première fois, il est candidat à une élection présidentielle. Il n’obtiendra pas le remboursement de sa caution, ayant obtenu un score inférieur à 5 % des suffrages exprimés. Au second tour, il appelle à voter pour le général Amadou Toumani Touré qui sera élu. Il tentera encore sa chance en 2018.
Son parti, qui a un tigre pour emblème, a cinq députés sur les 147 que compte l’hémicycle en 2002 ; et il en aura huit en 2007. Il noue des alliances dans le marigot où les caïmans rêvaient de le dévorer. L’homme sera ministre à deux reprises. En 2002, pour quelques années, il détient le portefeuille de l’Industrie et du Commerce. En 2015, il revient au gouvernement, plus précisément au ministère de l’Économie numérique et de la Communication.
Consécration grâce au M5
Du fait de sa posture au sein du M5-RFP, Choguel Maïga est de nouveau sur le devant de la scène. Ce mouvement hétéroclite qui a contribué à la chute de l’ancien président Ibrahim Boubakar Keïta « IBK », a été créé le 5 juin 2020. Composé de partis et de mouvements politiques, le Rassemblement des forces patriotiques a désigné Choguel Maïga comme son « président du Comité stratégique ».
Il montre son engagement dans ce mouvement et est même arrêté avec d’autres responsables après les manifestations du 10 juillet 2020. Choguel Maïga s’impose comme « la voix » de la contestation. Porte-parole du mouvement, il inonde quasiment quotidiennement la presse de communiqués. Cependant à la chute du président IBK, Choguel Maïga voit son couronnement retardé par une volonté des putschistes de tourner la page.
A la faveur du divorce entre le vice-président Assimi Goita et le premier ministre qu’il avait lui-même choisi ainsi que l’ancien président de la transition, le M5 revient au-devant de la scène et le poste de premier ministre ne peut que lui échoir. Obligé de faire des compris, dont il a l’habitude, Choguel Maiga apparait donc comme l’homme de la situation et devra cohabiter avec les militaires dont on sait la susceptibilité.
En attendant la formation du gouvernement, le sociologue Abdoulaye Sissoko, conseille sur Rfi de ne pas sous-estimer le nouveau premier ministre car « Choguel est l’homme des compromis, mais pas des compromissions. Je crois qu’il va s’en sortir. »
Kylian