Le retour de la paix au sahel est une question qui préoccupe les dirigeants des pays de la sous région ouest-africaine. En effet, les heurts minant la sécurité dans la région sahélienne continuent de se répandre. Et, les Etats de cette zone désertique de l’Afrique ont du mal à contenir les groupes jihadistes qui ont amplifié leur emprise au fil des années.
Chargé de la paix et la sécurité sur le continent, le commissaire Smaïl Chergui a tenu à rappeler dans une intervention que la sécurité et la paix au Sahel ne dépend pas que des armes.
Une paix au sahel possible sans la violence
La Force conjointe du G5 Sahel a été créée en 2017 pour lutter contre l’insécurité et le retour de la paix au sahel. De concert avec les 15.200 personnels de la MINUSMA et le soutien de partenaires extérieurs, une force militaire a été donc mise en place dans la région. Cependant, selon lui « certes des avancées ont été enregistrées mais demeurent cependant non décisives. » L’insurrection et les attaques entre communautés persistent et la menace s’étend aux pays de la côte ouest africaine.
Pour Smaïl Chergui, « La violence quasi quotidienne, associée à des allégations récurrentes de manquements aux droits de l’Homme, a dressé les communautés les unes contre les autres d’une part, et contre les forces de sécurité et de défense d’autre part ». Il a continué en déclarant que : « Le récent coup d’État au Mali est venu ajouter un autre niveau de complication, avec le risque de déperdition du progrès démocratique dans la région ».
Smaïl Chergui reste donc convaincu de ce que la solution ne peut se limiter au militaire et au sécuritaire pour un retour de paix au sahel. « Le Sahel étouffe cependant du nombre sans cesse de programmes et de plus de 17 stratégies régionales et internationales, même si le G5 Sahel a formulé son propre Plan d’Investissement Prioritaire (PIP) en 2014 », a-t-il ajouté.
Une approche multidimensionnelle de la paix au sahel
Le Commissaire a donc préconisé quelques approches de solutions pouvant estomper cette hémorragie qui risque de s’étendre à toute l’Afrique. « Aussi le moment est-il venu de revisiter et d’adapter la stratégie de stabilisation de la région du Sahel, une seule stratégie si possible », a-t-il conseillé. « Et il est essentiel de s’attaquer au miel qui attire les abeilles. Une approche multidimensionnelle est requise », selon le commissaire.
Smaïl Chergui combine ainsi une réponse militaire et sécuritaire, avec les actions de développement, le primat de la justice d’une part. D’autre part, avec l’inclusion des communautés locales et des chefferies traditionnelles, les femmes et les jeunes dans la définition et la mise en œuvre des politiques. « Bref, une approche qui respire l’appropriation nationale et régionale, loin de toute imposition de modèle ou de projets de développement, celle devant favoriser la reconstruction du tissu social et la consolidation de l’unité nationale des pays du Sahel », a-t-il précisé.
« L’initiative a suscité le soutien des pays du G5 Sahel et au-delà et nous sommes en consultation avec tous les États concernés et la CEDEAO pour finaliser le concept d’opération », a-t-il indiqué. Ceci, en tenant dûment compte des précautions supplémentaires dues à la pandémie de Covid-19.
Selon lui, « une nouvelle fois, les solutions militaires seules ne suffiront pas, nous aurons besoin d’approches globales, inclusives, concertées et collaboratives pour faire face à la multiplicité des défis dans la région. » Ainsi, seule une nouvelle stratégie peut sauver la région de l’enlisement totale.