Soutien russe au CNSP: un pro-russe à la tête du Mali pour concrétiser les visées stratégiques de la Russie dans le Sahel ?
L’idée d’un soutien russe au CNSP fait son petit bonhomme de chemin. C’est un secret de polichinelle. La Russie a tendance à soutenir les régimes révolutionnaires, surtout quand ces révolutions sont portées par de jeunes officiers. C’est le cas au Mali où certains indices laissent croire que les autorités russes entretiennent d’étroites relations avec les putschistes.
En effet, deux jours seulement après l’éviction de l’ancien président IBK, les nouvelles autorités maliennes recevaient des diplomates russes, à Kati. C’était la toute première rencontre entre les putschistes et une diplomatie étrangère. Et ce, au moment même où toute la communauté internationale condamnait le putsch. Pour certains, la Russie s’empressait ainsi de manifester son soutien aux jeunes officiers qui venaient de renverser IBK.
L’éventualité d’un soutien russe au CNSP a été largement abordée dans l’opinion. Une hypothèse prise au sérieux, d’autant plus que la plupart des officiers au pouvoir a eu une formation en Russie. Mieux encore, certains parmi ces putschistes revenaient de Russie où ils ont participé à des entraînements militaires. Il s’agit en l’occurrence du Colonel Malick Diaw et Sadio Camara, qui sont rentrés 9 jours avant le putsch.
Le soutien russe au CNSP remonterait à la préparation du putsch
Même si le Colonel Assimi Goita est le chef de la junte, le Colonel Malick DIAW et Sadio Camara restent les principaux meneurs du putsch. En effet, Malick Diaw, commandant adjoint de la base de Kati, a été l’organisateur matériel du coup d’Etat. Sadio Camara, ancien Directeur de l’Académie militaire du Mali, est considéré comme l’âme et le cerveau de la révolte. Il est donc fort possible que ces deux hommes aient utilisé le temps passé en Russie pour organiser le coup d’Etat. Ou du moins, ils auraient bénéficié du soutien du Kremlin. C’est au regard de la façon dont le putsch s’est déroulé : une opération synchronisée, impliquant les différents corps de l’armée.
L’autre indice qui fait croire à l’implication de la Russie dans l’installation de la junte, est l’entêtement de cette dernière. Malgré les pressions et les menaces de la CEDEAO, les putschistes n’ont jamais montré un signe de fébrilité. Au contraire, ils ont poursuivi les consultations jusqu’à l’adoption d’une charte. De plus, lors du mini-sommet d’Accra, ils ont refusé de se prononcer favorablement sur les exigences de la CEDEAO. Pour le Colonel Goita et ses camarades, c’est au peuple Malien que revenait le dernier mot. De tout point de vue, il fallait avoir un soutien de taille à l’international pour vraiment garder cette posture, d’où l’idée du soutien russe au CNSP.
Nomination d’un pro-russe à la tête de la transition
La junte malienne a procédé, lundi, à la nomination d’un président et d’un vice-président devant conduire la transition pendant 18 mois. Il s’agit respectivement de l’ex-ministre de la Défense, Bah N’DAW et du président du CNSP, Colonel Assimi Goita. En ce qui concerne Bah N’DAW, c’est un militaire retraité formé au Mali. Il a été ministre de la Défense et des Anciens Combattants, en 2014. Curieusement, ce nouveau président de la transition du Mali est lui aussi passé par la Russie.
En effet, après sa formation dans l’armée de l’air malienne, il a suivi un stage de pilote d’hélicoptère en ex-URSS. Mais, ce qui interpelle le plus est que, Bah N’DAW, qui avait un titre de Colonel-Major, est connu pour être un pro-russe. C’est probablement sa position sur certains sujets, notamment la coopération militaire française au Mali, qui l’aurait amené à quitter son poste ministériel. Cet ancien aide camp du Général et Président Moussa Traoré, est polyglotte. Il parle notamment français, anglais et russe.
Au regard de tout ce qui précède, évoquer l’idée d’un soutien russe au CNSP ne serait pas exagéré. Il est très fort possible que la Russie joue un rôle central dans le processus en cours au Mali. Les russes veulent-ils profiter de la situation pour s’imposer au Mali et avoir une base arrière dans ses opérations en Libye ? Tout est possible.