Le secteur du cacao au Ghana, l’un des piliers de l’économie du pays, a subi une lourde perte cette saison 2023/2024. Selon un rapport publié par le régulateur du cacao ghanéen, Cocobod, ce sont plus de 160 000 tonnes de cacao qui ont été perdues en raison de la contrebande. Un chiffre inquiétant, en hausse par rapport à la saison précédente, et qui révèle une problématique récurrente pour les producteurs locaux, à savoir le faible prix d’achat face à des coûts de production toujours plus élevés.
Le prix fixé par Cocobod à la mi-saison, à environ 2 000 cedis (environ 174 dollars) par sac de cacao, a été jugé trop faible par de nombreuses organisations de producteurs. En effet, le prix de la tonne de cacao a atteint 10 000 dollars sur les marchés internationaux, un niveau historiquement élevé, accentuant le contraste entre la rémunération offerte aux producteurs ghanéens et les gains potentiels qu’ils pourraient réaliser en vendant leur récolte ailleurs.
Espoirs de réduction de la contrebande pour Cocobod
Cette situation a encouragé certains producteurs à recourir à des moyens illégaux pour tirer profit de leurs récoltes. En vendant leur cacao à des acheteurs étrangers, ces producteurs contournent l’obligation de vendre exclusivement à Cocobod. Les acheteurs extérieurs, quant à eux, expédient le cacao vers des pays voisins comme le Togo, le Burkina Faso ou encore le Mali, provoquant ainsi une perte massive de 160 000 tonnes pour le Ghana cette saison, soit une augmentation de 10 000 tonnes par rapport à l’année précédente.
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Face à cette augmentation alarmante de la contrebande, le régulateur ghanéen a décidé de prendre des mesures plus strictes. À partir de la saison prochaine, l’armée sera mobilisée pour renforcer les contrôles aux frontières et lutter contre ce fléau. Cependant, plusieurs acteurs du secteur estiment que la solution réside avant tout dans la révision des politiques de prix d’achat. En septembre, Cocobod a annoncé une augmentation de 45 % du prix d’achat pour la nouvelle saison. Cette hausse, bien qu’appréciée, est perçue par les producteurs comme insuffisante pour compenser l’inflation galopante et la baisse de rendement liée à divers facteurs climatiques et économiques. La contrebande, selon ces organisations, risque de perdurer tant que les conditions financières des producteurs resteront précaires.
Le phénomène de la contrebande s’avère donc être à la fois une conséquence d’une mauvaise politique tarifaire et un facteur aggravant dans la baisse continue de la production de cacao au Ghana, qui devra s’adapter rapidement pour préserver sa place sur le marché international.
Sandrine A.