Cela fait tout juste un an ce vendredi 26 juillet que la junte militaire du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a pris le pouvoir au Niger, renversant le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum. Pour marquer cet anniversaire, le général Tiani Abdourahamane, président du CNSP, a prononcé un discours jeudi soir sur la télévision d’État RTN. Aucune annonce majeure n’a été faite, mais le général Tiani a offert une rétrospective de l’année écoulée, se félicitant des actions entreprises par son gouvernement.
Dans son intervention, Tiani a énuméré une série de mesures prises au cours de cette première année au pouvoir, dont la dénonciation des accords de défense avec la France, le renvoi de l’ambassadeur de France, la suspension de certains médias français (RFI et France 24), le retrait du G5 Sahel, et la dénonciation de plusieurs accords économiques et militaires, y compris avec les États-Unis. Le général a ainsi voulu marquer son bilan d’une empreinte de souveraineté et d’indépendance face aux influences étrangères.
Justifications et actions entreprises par le général Tiani
Le général Tiani a débuté son discours en justifiant le coup d’État qu’il a dirigé il y a un an par les « menaces existentielles » qui pesaient sur le Niger, évoquant notamment « les obscurs rivages du terrorisme » et le « pillage des ressources » sous le régime déchu, qu’il a accusé d’être « vassalisé » par « l’ancienne puissance coloniale ». Bien que la France n’ait pas été nommément citée, les allusions étaient claires. Tiani a également critiqué les bases militaires étrangères présentes dans le pays, les accusant de ne pas avoir réussi à endiguer la menace terroriste.
Pour répondre à ce qu’il a décrit comme l’« immense espoir » suscité par le coup d’État, Tiani a affirmé avoir lancé la « refondation » du pays autour de quatre axes principaux : le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale, la promotion de la bonne gouvernance, le développement des bases de production et l’accélération des réformes sociales. Il a également souligné l’importance de tirer les leçons des « sanctions illégales, iniques et inhumaines » imposées par une CEDEAO qu’il a décrite comme étant aux ordres de puissances étrangères.
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Succès militaires et économiques
Sur le plan militaire, le général Tiani a vanté les succès des forces armées nigériennes dans la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, affirmant que « la montée en puissance de nos forces sur le théâtre des opérations ne fait plus aucun doute ». Il a rendu hommage aux soldats nigériens pour leurs « lourds sacrifices consentis » et a promis de continuer à renforcer les capacités militaires avec l’acquisition des équipements nécessaires.
Sur le plan économique, le général Tiani a insisté sur la nécessité de l’exploitation des ressources nationales pour conquérir la souveraineté. Il a évoqué le lancement d’un programme d’irrigation et l’engagement des autorités à utiliser prioritairement les personnels et entreprises locales. Il a également menacé de retirer les permis des sociétés minières ou pétrolières qui ne respecteraient pas les lois locales, citant notamment l’exemple d’Imouraren. Par ailleurs, il a annoncé le lancement prochain d’une raffinerie de pétrole et d’un complexe pétrochimique à Dosso.
Sur le plan géopolitique, le général Tiani s’est réjoui de la création de la Confédération des États du Sahel avec le Burkina Faso et le Mali, malgré les obstacles posés par ceux que leur indépendance dérange. Il a remercié le président de transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, et le président de transition malien, le colonel Assimi Goïta, pour leur collaboration. Tiani a réaffirmé l’engagement des trois pays à rompre avec l’ordre néocolonial, déclarant que « notre marche vers la souveraineté pleine et entière est inexorable ».
Tony A.