mardi, décembre 3 2024

Des pratiques dozos dans l’armée malienne ? Depuis le mardi 16 juillet 2024, une vidéo perturbante fait le tour des réseaux sociaux au Mali. On y voit un homme en uniforme militaire malien, arborant clairement les insignes des Forces armées maliennes (Fama), en train d’éventrer un cadavre pour en extraire et manger le foie. Les images sont extrêmement choquantes et soulèvent des questions inquiétantes sur des pratiques de cannibalisme au sein des forces armées maliennes.

La vidéo en question, véritable choc visuel, montre un soldat malien, machette en main, démembrant un cadavre tout en annonçant en bambara son intention de consommer le foie de la victime. Les autres membres de l’unité, présents autour de lui, réagissent par des rires, exprimant leur désir de se joindre à ce « petit-déjeuner ». L’un des soldats demande même à récupérer le cœur du défunt.

Réaction des autorités maliennes

En réponse à cette vidéo scandaleuse, l’état-major général des armées a publié un communiqué ce soir. Celui-ci se « démarque formellement de cette vidéo » et précise que de telles pratiques sont « contraires à l’éthique, aux valeurs et aux coutumes de notre armée ». Cette déclaration vise à rassurer la population et à condamner fermement ce comportement inacceptable.

En 2019, une autre vidéo avait déjà mis en lumière une pratique troublante des dozos : des chasseurs traditionnels découpant le foie d’un cadavre pour l’offrir à leur chef. Ces groupes, parfois intégrés comme supplétifs dans les opérations militaires, ont une image contrastée.

Les dozos : une confréries traditionnelles de chasseurs Afrique de l’Ouest

Les dozos, confréries traditionnelles de chasseurs, sont très présentes en Afrique de l’Ouest, particulièrement dans les pays de langue mandingue comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Ces sociétés d’initiés, reconnues pour leurs amulettes et prétendus pouvoirs magiques, jouent un rôle important dans la lutte contre l’insécurité.

Certains dozos, forts de leur aura mystique, ont abusé de leur pouvoir. Lors de la crise politique de 2002 en Côte d’Ivoire, par exemple, ils ont pris un rôle de sécurité, soutenant Alassane Ouattara, et ont été impliqués dans des violences graves telles que des rackets et des exécutions. Un rapport de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci) en décembre 2013 révélait que ces milices avaient causé 228 morts et 164 blessés en quatre ans.

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Présence au Burkina Faso et au Mali

Au Burkina Faso et au Mali, les dozos ont également une réputation controversée. Leur implication dans les violences intercommunautaires et les attaques de djihadistes est bien documentée. En mai dernier, Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport détaillant les massacres perpétrés par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Jnim), lié à al-Qaïda, et a évoqué le rôle des dozos, qui se sont transformés depuis des années en groupes d’autodéfense, dans les affrontements.

Aujourd’hui, la confrérie des dozos reste influente. Bien qu’ils affirment œuvrer pour « la paix et la réconciliation », une partie de la population les considère comme une source de danger et de troubles. Les règlements de comptes continuent d’alimenter les faits divers dans ces pays déjà en proie à de graves tensions.

Steven Wilson

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