En réponse aux manifestations massives qui secouent le Kenya depuis plusieurs semaines, le président Ruto William a annoncé le 1er juillet le limogeage de la quasi-totalité de son gouvernement. Seuls le ministre des Affaires étrangères et le vice-président kényan conservent leurs postes.
Lors de son discours télévisé, le président Ruto a affirmé avoir pris cette décision après avoir « écouté le peuple du Kenya » et évalué les performances de son cabinet. Cette annonce radicale vise à apaiser la colère populaire et à réorganiser le gouvernement pour mieux répondre aux défis économiques et sociaux du pays.
Une réorganisation gouvernementale sans précédent du président Ruto
Les manifestations au Kenya, initialement déclenchées par un projet de hausse des taxes, se sont rapidement transformées en un mouvement demandant la démission du président Ruto William. Face à l’intensification des protestations et à la pression populaire croissante, le président Ruto a décidé de limoger presque tous les membres de son gouvernement.
« Après réflexion et avoir écouté ce que le peuple du Kenya a dit, après une évaluation de la performance de mon cabinet, ses réalisations, ses défis, j’ai décidé de limoger avec effet immédiat tous les membres », a déclaré le président.
Cette décision intervient après que les manifestations ont dégénéré en violences et pillages, particulièrement dans la capitale Nairobi. La répression policière qui a suivi a été fortement critiquée, aggravant le sentiment de mécontentement parmi la population. En limogeant son cabinet, Ruto espère non seulement apaiser les tensions, mais aussi mettre en place un « gouvernement à base élargie » capable de répondre plus efficacement aux besoins des Kenyans.
Lire Aussi : LUTTE CONTRE LES GANGS ARMÉS : LE KENYA DÉPLOIE 400 POLICIERS EN HAÏTI
Répondre aux défis économiques et sociaux
La réorganisation du gouvernement s’accompagne de promesses de réformes économiques et de lutte contre la corruption. Ruto a souligné que les récents événements ont mis en évidence la nécessité de réviser le budget national pour alléger le fardeau de la dette et créer davantage d’opportunités d’emploi. « Les événements récents – qui ont nécessité le retrait du projet de loi de finances et qui nécessiteront une révision et une réorganisation de notre budget – nous ont amené à un point de bascule », a affirmé Ruto.
Le président a également promis de mener de vastes consultations à travers différents secteurs et formations politiques pour définir un gouvernement capable d’accélérer la mise en place de mesures urgentes. Ces mesures visent à répondre aux préoccupations des Kenyans, notamment en matière de dette nationale, d’emploi et de corruption.
Lire Aussi : NOUVEAU CODE ÉLECTORAL EN CENTRAFRIQUE : UNE MANŒUVRE POUR ÉCARTER L’OPPOSITION ?
Une réponse suffisante pour apaiser la colère populaire ?
La question demeure : cette réorganisation sera-t-elle suffisante pour calmer la colère populaire ? Malgré le retrait du projet de budget controversé, les manifestations se sont poursuivies, avec des jeunes demandant désormais la démission du président via le hashtag #RutoMustGo sur les réseaux sociaux. Depuis le début des manifestations, près de 40 personnes ont perdu la vie et 250 autres ont été arrêtées.
Le mécontentement latent vise non seulement la politique fiscale de du président Ruto, mais aussi son image perçue comme celle d’un représentant d’un système politique corrompu et vicié. La réorganisation gouvernementale, bien que drastique, pourrait ne pas suffire à restaurer la confiance des Kenyans dans leur leadership. Les prochains jours seront cruciaux pour voir si les promesses de réforme et les changements au sein de l’exécutif réussiront à apaiser la situation ou si la pression populaire continuera de croître, mettant en péril la stabilité politique du Kenya.
Tony A.