A l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Côte d’Ivoire, l’atmosphère se voit assombrie par une controverse grandissante. Les autorités du district autonome d’Abidjan ont annoncé des démolitions imminentes dans le quartier précaire de Boribana.
La nouvelle crée une tension palpable parmi les quelques 28 000 habitants du quartier Boribana. Cette communauté, enracinée depuis plus de six décennies, se mobilise contre ce qu’ils considèrent comme des expulsions abusives en lien présumé avec la CAN, lançant ainsi une résistance poignante.
Boribana : une histoire de résilience menacée
Entre préservation d’un héritage communautaire et les exigences de la modernisation à l’approche de la CAN, Boribana incarne un microcosme des défis sociaux auxquels font face les populations précaires. Il faut souligner que Boribana, est un quartier où les modestes toits de tôle témoignent de décennies de vie, de naissances, et de scolarité. Les autorités, sous l’égide du ministre-gouverneur Cissé Bacongo, ont annoncé le déguerpissement des habitants, provoquant un émoi au sein de cette communauté confrontée à une menace imminente.
Face à l’annonce de leur expulsion dans les 72 prochaines heures par les autorités gouvernementales, une indignation palpable s’est emparée de la population. Ignécin Adama, père de famille de 51 ans, exprime avec véhémence le désarroi des résidents. « Personne ne décide de naître pauvre. Nous sommes des humains, nous avons des droits, nous sommes des Ivoiriens, nous sommes nés ici. On n’a pas d’endroit où aller, on va aller où ? »
Pour le représentant du quartier, Keïta Moribo, pour sa part déplore les efforts vains pour entrer en contact avec les autorités locales. « Nous avons essayé d’expliquer cela à la police. Personne ne nous a écoutés et on n’a pu joindre personne » s’est il plaint.
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Boribana entre développement et contestation
De leur coté, les autorités invoquent l’occupation illégale du domaine public. Les résidents du quartier récusent ces allégations et soulignent l’absence de solutions de relogement adéquates. Les résidents, déjà témoins de la destruction de six hectares de leur quartier en raison du chantier du Quatrième pont, expriment leurs craignent une opération de « nettoyage »
Cette dernière selon eux serait orchestrée pour embellir la ville avant le coup d’envoi de la compétition sportive. Alors la population réclame non seulement une juste indemnisation mais aussi des solutions de relogement. Les habitants insistent sur le fait qu’ils ne céderont pas leur quartier sans résistance, même au prix de nuits passées sur le boulevard de la paix ou le Quatrième pont.
« C’est à cause de la CAN. La CAN, elle est faite pour les populations, pour les Ivoiriens ou bien elle est faite pour qui ? On organise la CAN pour égayer les populations et non endeuiller les populations, attrister les populations. Nous demandons au gouvernement de revoir la position », clament-ils. Alors que la CAN promet de célébrer les populations, les résidents de Boribana appellent à une révision de la position gouvernementale pour garantir que la fête nationale ne laisse pas derrière elle une ombre de désolation.
Sandrine A.